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Villepin, le candidat qui ne sert à rien

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi.

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi. - -

Dominique de Villepin présente ce jeudi matin son projet politique. On ne sait pas vraiment s’il faut parler d’un projet présidentiel, ni s’il va s’ajouter à la longue liste des prétendants pour 2012. Une chose est sûre: Villepin c’est le candidat qui ne sert à rien.

Il y a deux sortes de candidats à la présidentielle : ceux qui se lancent pour gagner - parce qu’ils considèrent qu’ils sont porteurs d’une ambition et qu’ils ont les compétences pour diriger le pays mieux que d’autres -, et puis ceux qui veulent défendre des idées qu’ils savent minoritaires mais dont ils pensent qu’elles doivent avoir leur place dans le débat public pendant la campagne. Ne lui en déplaise, Dominique de Villepin appartient à la seconde catégorie. Avec cette particularité que ses idées et son projet ne sont que l’habillage de l’antisarkozisme. Il n’est pas le candidat d’une ambition mais celui d’une détestation. D’une démolition.

Si Dominique de Villepin est candidat, c’est pour faire perdre Nicolas Sarkozy ?

Peut-être pour le faire perdre, en tout cas pour lui faire peur. S’il se présente, Dominique de Villepin réduit mécaniquement les chances de Nicolas Sarkozy, parce que, quoi qu’il en dise, son potentiel de voix se situe d’abord à droite. Dans une configuration où les candidatures se multiplient (on vient de le voir avec Borloo et Hulot) et où le FN reste menaçant, Sarkozy a absolument besoin d’éviter l’éparpillement au premier tour. Autrement dit : chaque fois que Dominique de Villepin avance d’un pas de plus vers la candidature, c’est comme s’il lui enfonçait une aiguille dans le flanc. C’est moins brutal que le croc de boucher, mais c’est sûrement douloureux.

Pourtant, ils se sont revus plusieurs fois depuis le début de l’année. Nicolas Sarkozy l’a reçu à l’Elysée. On dit même qu’il lui a proposé un ministère…

C’est vrai. Il lui a offert le Quai d’Orsay. Dominique de Villepin a refusé mais il a jubilé en voyant que son rival était obligé de lui tendre la main. En fait, tous les deux passent leur temps à se tendre des pièges et à se croire supérieur à l’autre. Voyez Clearstream : Dominique de Villepin a cru pouvoir faire chuter Sarkozy sur une histoire de comptes bancaires bidon et Nicolas Sarkozy a cru pouvoir le faire condamner par une justice aux ordres. Ils ont échoué tous les deux. Mais ils ne se réconcilieront jamais : ils ont trop d’orgueil pour ça. Et une différence essentielle les oppose : Sarkozy sait ce qu’il veut et fait ce qu’il peut ; Villepin, c’est le contraire. Il ne sait pas ce qu’il veut. Et il sait qu’en l’état actuel des forces, il peut peu.

Mais que faut-il penser du projet de Dominique de Villepin ?

Il est à l’image de ses livres, encore que je pense qu’il a écrit son projet tout seul. Il y a de bons passages, mais l’ensemble paraît toujours décalé, emphatique. Un programme d’après-guerre sans la guerre. Une synthèse irénique entre gaullisme et socialisme, avec ce revenu minimum citoyen que Mélenchon lui-même n’ose pas proposer… Le théorème de Villepin, c’est : Sarkozy divise le pays ; je m’oppose à lui, donc je rassemble. Le problème, c’est qu’il y a déjà foule sur le créneau de l’antisarkozisme et que lui-même a laissé le souvenir d’un premier ministre autoritaire et exalté : tout le monde n’a pas oublié qu’il a mis des millions de jeunes dans la rue avec son projet de CPE, ni qu’il avait déclenché l’état d’urgence dans les banlieues… Il est vrai qu’à l’époque, il jurait qu’il n’avait aucune envie d’être candidat à l’Elysée. Tout à l’heure, il va laisser entendre le contraire. Il n’y a pas plus de raison de le croire plus sincère aujourd’hui qu’hier.

Ecoutez «le parti pris» du jeudi 14 avril avec Hervé Gattegno et Jean-Jacques Bourdin:

Hervé Gattegno