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Visite de Macron en Corse: "On a l'impression d'être sur un radeau et qu'on nous écoute pas"

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Le président de la République se rend en Corse ce jeudi pour clore le Grand débat national dans cette région la plus pauvre de France.

Après un tour en Bretagne mercredi, dernière étape du grand débat pour Emmanuel Macron ce jeudi après-midi en Corse. Le président de la Republique se rend à 14h30 à Cozzano, à l’est d’Ajaccio, pour rencontrer des maires et des présidents d’associations de maires, dans un climat tendu. Les dirigeants corses boycottent sa venue.

La Corse est la région la plus pauvre de France. Près d’un Corse sur cinq vit sous le seuil de pauvreté selon l'INSEE, et vit avec moins de 1.000 euros par mois. Coût de la vie plus élevé que sur le continent et marché du travail atone, des milliers d’habitants n’ont pas les moyens de se déplacer ni même pour certains de se nourrir.

C'est ce que nous avons constaté dans une épicerie solidaire du Secours populaire à Ajaccio. Car derrière le paysage de carte postale, ce local, où plusieurs fois par semaine des femmes, souvent seules, viennent faire leurs courses. D’abord réticente parce qu’elle dit avoir "honte de sa situation", Aline accepte de témoigner.

"Il y a tellement de gens dans le besoin qu'automatiquement ils ne peuvent nous aider comme il le faudrait"

"Vous savez, on se sent énormément diminués, personne n'a envie d'être comme ça. Actuellement, je vis avec 740 euros par mois. Malheureusement quand on vient ces derniers temps il y a de moins en moins de marchandises. C'est de plus en plus dur. Il y a des jours où on n'a droit qu'à un yaourt par personne. Il y a tellement de gens dans le besoin qu'automatiquement ils ne peuvent nous aider comme il le faudrait."

Le mois dernier, pour répondre a la crise des gilets jaunes, la grande distribution de l’île s’est engagée à garantir des prix bas pour plus de 200 produits de première nécessité. François Pernin président d’un groupement d’associations d’Ajaccio.

"Notre collectivité sur le plan politique, bien avant que le gouvernement bouge, a mis en place ces paniers des denrées indispensables pour que les prix baissent en accord avec les grandes surfaces. C'est un résultat concret qui montre bien l'importance du politique en tant que chef d'orchestre."

Pas de quoi faire revenir Liviana dans les rayons d’une grande surface. Avec sa maigre pension d’invalidité, cette bénéficiaire du secours populaire se sent abandonnée par le continent et n'attend pas grand chose de la visite du président.

"On a l'impression qu'on est largués sur un radeau et qu'on nous écoute pas. J'invite M. Macron à manger avec nous ce panier."
Benoit Ballet et Pierrick Bonno (avec James Abbott)