Pourquoi la vente des Chantiers de l'Atlantique à l'italien Fincantieri est-elle en train de capoter?
Finalement, non? Le projet de vente des Chantiers de l'Atlantique français au groupe italien Fincantieri, enlisé depuis de nombreux mois, est sauf surprise parti pour capoter, au grand soulagement des salariés et de certains élus.
L'accord de cession prévoit que l'opération soit finalisée d'ici au 31 décembre. Or, le groupe public italien n'a toujours pas soumis à la Commission européenne les informations qu'elle lui réclame dans le cadre de son enquête approfondie sur l'impact de la vente pour la concurrence dans le secteur de la construction navale.
Faute de réponse d'ici jeudi ou d'octroi d'un nouveau délai, l'accord de cession, déjà repoussé à quatre reprises, tombera.
Sollicitée, la Commission européenne indique que "la montre est bloquée" car "les informations manquantes ne sont pas fournies par les parties". "Nous estimons avoir fait tout ce que nous devions et pouvions faire. De notre côté, nous ne pouvons pas faire davantage", a affirmé pour sa part à l'AFP un porte-parole de Fincantieri, rappelant que "le contrat arrivait à échéance le 31 décembre de par la volonté des parties: Fincantieri et l'Agence des participations de l'État français". Le ministère français de l'Économie n'a pas fait de commentaire.
Depuis la faillite de la maison mère sud-coréenne des Chantiers, l'entreprise de Saint-Nazaire, spécialisée dans les paquebots et navires militaires de grande taille, est détenue par l'État français (84,3% du capital), Naval Group (11,7%), les salariés (2,4%) et des sociétés locales (1,6%). Depuis 2017, un projet de cession prévoit que Fincantieri détienne 50% du capital, plus 1% supplémentaire prêté par l'État français - qui se réserve le droit de le reprendre si le groupe italien ne respectait pas ses engagements.
De quoi rassurer les élus locaux mais aussi les syndicats qui craignent pour l'emploi sur le site de Saint-Nazaire et dénoncent des transferts de compétences dangereux. L'italien Fincantieri vient en effet de nouer avec la Chine des partenariats pour construire de grands paquebots en Asie. Selon le sénateur socialiste de Loire-Atlantique Yannick Vaugrenard, ce qui est en jeu, c'est "la préservation d'un savoir-faire français reconnu dans le monde entier".
Les Chantiers de l'Atlantique emploient 3.100 personnes et 5.000 sous-traitants français et étrangers.