Pourquoi les Français sont nuls en anglais

Un cours d'anglais, en primaire. - Mychèle Daniau - AFP
Les Français sont définitivement fâchés avec l'anglais. Neuf jeunes sur dix sont mal à l'aise lorsqu'on leur parle anglais dans la rue de manière imprévue, selon une étude menée par l'institut Wall Street English (institut privé qui donne des cours d'anglais). La moitié d'entre eux estiment avoir un niveau très moyen. Et il suffit d'en interroger quelques-uns dans la rue pour se rendre compte que les jeunes français et l'anglais, ce n'est pas une "love story".
"Brian is in the kitchen"
Quand on demande à Robin, après 8 ans d'apprentissage, quelques mots en anglais, il répond : "Brian is in the kitchen". Ça fait rire ses amis, mais ça en dit long sur le mauvais enseignement au collège et au lycée, et le manque d'effort des élèves français. "En France on ne fait qu'une heure, par ci par là, ce n'est pas assez intensif pour apprendre comme il faudrait", estime Robin. Pour lui, il n'y a qu'une seule façon de bien parler anglais. "La seule solution, c'est de partir à l'étranger. Quand on voit qu'on devient pratiquement bilingue en six mois à l'étranger, c'est dommage de perdre 8 ans d'apprentissage pour ne savoir parler que trois mots".
Et Lucas, alors, qui vient de finir sa seconde au lycée ? "Hello, my name's Lucas and I'm going to… première". Bon, son anglais non plus n'est pas parfait. Mais pour s'améliorer, il a sa petite technique. "Avec Internet on peut apprendre l'anglais beaucoup plus facilement, que ce soit dans les séries où dans les films. Regarder des films en VO (version originale) ça peut aider pour l'accent".
"Classes surchargées"
Vincent Bellegueulle est professeur d'anglais dans l'Aisne, pour des classes de collège de la 6ème à la 3ème. Pour lui, si nous sommes si mauvais en anglais, c'est à cause des programmes de l'Éducation nationale qui ne prévoient que très peu de temps consacrés à la pratique de l'oral. "La pratique orale pour les élèves est compliquée puisque nous avons un nombre d'élèves dans les classes qui augmente d'année en année, quoi qu'en dise le ministère. Trois fois 55 minutes par semaines à trente élèves par classe, ça devient compliqué pour chacun de s'exprimer", constate-t-il.
Une situation qui va s'empirer avec la réforme du collège, selon ce professeur: "On souhaiterait proposer des voyages scolaires à l'étranger avec des subventions et des financements pour les établissements, mais les moyens alloués dans le cadre de la réforme du collège sont largement insuffisants par rapport aux enjeux".
"En France, il y a un esprit un peu Astérix"
Pour Cécile Loyer, de l'institut Cambridge, si nous sommes les cancres de l'Europe en la matière, c'est parce que la stratégie de la France n'est pas la bonne. "On veut que les enfants connaissent deux langues étrangères. D'autres pays, comme l'Espagne, ont fait le choix d'une seule langue et ils sont bien meilleurs que nous en anglais". Selon elle, "il y a un esprit un peu Astérix, on défend à corps et à cri notre langue en niant la globalisation, qui tourne autour de l'anglais". Et cela ne devrait pas aller en s'améliorant avec la suppression des classes bilangues et européennes dès la rentrée 2016.