Première dame, un "second rôle" pour Valérie Trierweiler

Très présente dans la campagne de François Hollande, Valérie Trierweiler saura dimanche si son compagnon devient le septième président de la Ve République et elle, la nouvelle première dame. /Photo prise le 2 mai 2012/REUTERS/Gonzalo Fuentes - -
par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - Très présente dans la campagne de François Hollande, Valérie Trierweiler saura dimanche si son compagnon devient le septième président de la Ve République et elle, la nouvelle première dame.
Un bouleversement s'annonce pour cette journaliste sortie de l'ombre à mesure que l'homme qu'elle connaît depuis 23 ans et qui partage sa vie depuis le milieu des années 2000 s'approche de la fonction suprême.
C'est à ses côtés qu'elle vivra les derniers instants de la campagne jusqu'au dénouement, sur les terres de François Hollande, à Tulle, en Corrèze.
"Je ne sais pas ce qui va se passer dimanche, quand j'y pense j'ai les jambes qui flanchent, dans les deux cas, ce sera un séisme", confie-t-elle à Reuters.
Comme François Hollande, elle veut rester prudente et "ne pas laisser penser que les résultats sont faits".
"Quand j'entends Rachida Dati dire que je dois être en train de choisir ma robe, je pense qu'elle parle pour elle-même", réplique-t-elle à une pique de l'ancienne ministre.
Mardi soir, Valérie Trierweiler a assisté au spectacle de l'humoriste Stéphane Guillon avec la députée Aurélie Filippetti. Mercredi, elle a préparé le déjeuner et veillé au repos de son homme avant le débat contre Nicolas Sarkozy, exercice aussi essentiel qu'épuisant après 400 jours de campagne.
Discrète mais ni muette ni invisible, cette élégante femme blonde s'efface pendant les visites de campagne mais applaudit au premier rang des meetings, où le pudique François Hollande vient parfois l'embrasser, comme dimanche dernier à Paris-Bercy.
"JE NE CHERCHE PAS LA NOTORIÉTÉ"
"Les choses ont évolué. Au début j'étais en retrait. On me le reprochait. Là, on me reconnaît parfois quand je suis avec lui, sinon non, à part dans mon quartier", dit-elle.
"Je ne cherche pas la notoriété. Depuis quelque temps on me demande des photos, des autographes. J'accepte bien volontiers. Je signe simplement 'Valérie'".
Bienveillants à son égard, les passants se confient souvent à elle. "Les gens me parlent et me disent deux choses : 'merci d'être là pour lui, soutenez-le' et 'bravo pour votre discrétion'".
Quand on lui parle d'avenir, Valérie Trierweiler dit qu'elle fera "de son mieux", à l'instar de Carla Bruni lorsqu'elle entra dans la vie de Nicolas Sarkozy, rencontré fin 2007, épousé trois mois plus tard et avec qui elle a eu une petite fille, Giulia.
La mannequin devenue chanteuse a assisté à quelques meetings de son époux, qui ne tarit pas d'éloges sur "Carla".
"Carla Bruni et moi nous avons été présentés à la sortie d'un restaurant il y a plusieurs années, nous nous sommes serré la main", raconte Valérie Trierweiler.
"Comme première dame, elle a fait comme elle a pu. C'est quelque chose d'assez compliqué. Moi aussi, si cela devait arriver, je ferais de mon mieux".
"Première dame, c'est un second rôle", ajoute celle qui dit apprécier le style de l'épouse de François Mitterrand, Danielle, "entre le dévouement et l'engagement".
Née en 1965 à Angers, cinquième d'une famille de six enfants, Valérie Massonneau est mère de trois enfants, nés d'une précédente union avec Denis Trierweiler, dont elle a gardé le nom après leur divorce.
Elle a pris dans le coeur de François Hollande la place de Ségolène Royal, mère des quatre enfants du candidat socialiste, au moment où la présidente de la région Poitou-Charentes envisageait de briguer l'Elysée, ce qu'elle a fait en 2007. La journaliste politique a confié à une biographe s'être abstenue au second de tour de scrutin cette année-là.
Quand on lui parle mariage, Valérie Trierweiler reste aussi évasive que son compagnon.
"Je ne ferai pas de proposition de mariage par voie de presse", dit-elle.
"Nous le déciderons ensemble", souligne de son côté François Hollande, ajoutant que, le cas échéant, personne d'autre qu'eux-mêmes ne serait au courant.
"JOURNALISTE INDÉPENDANTE"
"Journaliste indépendante" revendiquée, Valérie Trierweiler travaille pour l'hebdomadaire Paris Match et la chaîne de télévision Direct 8, où elle a troqué son émission politique après la primaire socialiste pour une autre consacrée à des portraits d'artistes, "Itinéraires".
"J'ai besoin de travailler pour mon indépendance financière. Journaliste, c'est ce que je sais faire, c'est ce que j'ai toujours fait", dit-elle. "Si François gagnait, je serais obligée de me poser beaucoup de questions".
La campagne électorale ne l'a pas épargnée, la conduisant notamment à porter plainte à propos d'une enquête de police clandestine dont elle aurait fait l'objet.
Attaquée par Nicolas Sarkozy sur son travail à Direct 8, elle a dû subir la semaine dernière les moqueries du député UMP Lionnel Luca, qui a joué sur l'analogie entre son nom et celui d'une race de chien féroce, le rottweiler.
"Merci à toutes celles et ceux - sans exception - qui m'ont apporté leur soutien après les propos abjects de Luca", a-t-elle écrit sur son compte Twitter, un réseau qu'elle affectionne.
Quand on lui parle de "sacrifice", Valérie Trierweiler répond qu'elle "ne regrette évidemment rien".
"Cette histoire c'est d'abord mon histoire avec François, on s'est aimé, on s'aime, c'est le plus important", dit-elle. "Il y avait déjà des sacrifices dès le départ mais ils ne sont rien au regard de notre histoire".
Edité par Patrick Vignal