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Prêtre soupçonné de pédophilie: "Ma fille m'a dit que la confession s'était passée de façon bizarre…"

Un prêtre soupçonné de pédophilie (illustration)

Un prêtre soupçonné de pédophilie (illustration) - JOEL ROBINE / AFP

TEMOIGNAGES RMC - Fin janvier, le père Bernard Peyrat a été mis en examen car il est soupçonné d'au moins quatre agressions sexuelles perpétrées sur des scouts mineurs au milieu des années 80. Mais depuis le début des années 90 et jusqu'à l'été 2015, il aurait continué à agir selon le témoignage de ce père de famille qui fait part des gestes déplacés qu'a eu le prêtre, en 2003, sur sa fille.

Des années 1970 au début des années 1990, le père Bernard Preynat, septuagénaire originaire de la Loire, a dirigé le groupe de scouts Saint-Luc, à Sainte-Foy-lès-Lyon, dans la banlieue ouest de Lyon. Depuis la fin janvier, ce prêtre est mis en examen pour quatre agressions sexuelles perpétrées sur des ex-membres de ce groupe indépendant à l’époque et affilié depuis aux scouts d’Europe. Il a également été placé sous le statut de témoin assisté pour trois autres agressions qu'il a reconnu pendant sa garde à vue. Mais depuis le début des années 90 et jusqu'à l'été 2015, le père Preynat a continué d'exercer, près de Roanne dans la Loire, au contact d'enfants.

Ce jeudi sur RMC, une famille a décidé de témoigner (anonymement) sur les gestes déplacés que ce prêtre aurait continué à perpétrer. Témoignages qui éclairent sur les agissements d'un homme caché par le diocèse de Lyon et pourtant connu pour ses dérives sexuelles. Ainsi, en 2003, la fille de Paul (le prénom a été modifié) a suivi les cours de catéchisme du père Bernard Preynat à l'école privée Saint-Charles de Cours-la-Ville. Et la veille de sa communion, celle-ci s'est confiée à ses parents…

"Tout cela est très grave"

"Lorsqu'elle est rentrée, elle nous a simplement dit que la confession s'était passée de façon un peu bizarre. Elle avait eu lieu derrière le paravent, sur les genoux du prêtre… Très rapproché…, confie-t-il. Elle nous a dit que le prêtre cherchait à la serrer contre lui. Notre fille nous a avoué qu'elle s'était débattue et qu'il ne s'était rien passé d'autre ensuite".

A l'époque, Paul n'a averti ni le diocèse ni la police. Il ne compte pas le faire 13 ans plus tard mais il en veut à l'Eglise d'avoir laissé ce prêtre exercer avec des enfants. "Je ressens de la colère, de l'incompréhension…, assure-t-il. Si effectivement l'Eglise était au courant, je trouve que cela est très grave". Plusieurs hommes qui disent avoir été victimes du prêtre se sont rassemblés au sein d'une association, La Parole Libérée, afin de "rompre l'omerta" entourant ces faits depuis des décennies.

"Difficile d'imaginer qu'il n'y ait pas eu d'autres actes"

Bertrand Virieux, l'un des responsables de cette association de victimes s'attend maintenant à ce que les langues se délient. "On ne peut pas imaginer qu'un prêtre muté en 1991, à 45 ans, prédateur depuis au moins 20 ans, se retrouve dans la nature, sans soins dédiés à la pédophilie. C'est très difficile d'imaginer qu'il n'y ait pas eu d'autres actes dans la mesure où il était dans les mêmes conditions, avec des enfants du même âge", estime-t-il.

"Je ne suis pas étonné. C'était une évidence…, ajoute-t-il. Nous avons déjà compté 45 victimes en dix ans. Je me dis bien qu'en 25 ans, il est très peu probable que l'on ne se retrouve pas là aussi face à une liste très longue. Un probable effet boule de neige va se créer: pour un ou deux enfants qui vont parler, il est fort possible qu'une ribambelle d'autres se mettent à parler". Les enquêteurs demandent d'ailleurs à tous ces nouveaux témoins de se faire connaître, même s'ils pensent que les faits peuvent être anodins ou prescrits.

Maxime Ricard avec Gwenaël Windrestin