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"Privilégier un endettement modéré", un modèle choisi par cette famille d'agriculteurs

RMC a rencontré une famille dont l'exploitation ne dépasse pas les cinquante vaches laitières et les 200 hectares de céréales. (Photo d'illustration)

RMC a rencontré une famille dont l'exploitation ne dépasse pas les cinquante vaches laitières et les 200 hectares de céréales. (Photo d'illustration) - Marcel Mochet - AFP

VOUS VOULEZ QUE ÇA BOUGE - Cette semaine, RMC vous donne rendez-vous chaque matin avec des éleveurs, agriculteurs, producteurs qui ont trouvé des solutions pour innover et lutter à leur manière contre la crise. Ce matin, nous avons rencontré la famille Lacombe, pour qui l'union fait la force.

Rendez-vous chaque matin cette semaine avec des éleveurs, agriculteurs, producteurs qui ont trouvé des solutions pour innover et lutter à leur manière contre la crise. Ce matin, l’union fait la force en famille! Deux frères et leur mère se sont réunis pour réduire leurs frais, et maintenir leur exploitation à un coût de fonctionnement raisonnable.

Concrètement, ils forment ce que l'on appelle un groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC), composé de 50 vaches laitières et de 200 hectares de céréales. La moitié des céréales récoltées servent à nourrir les vaches, l’autre moitié est vendue pour faire de la farine.

"Etre capable de rebondir en cas de difficultés"

Et pour arrondir un peu les fins de mois, ils accueillent des classes d’école pour des visites à la ferme, et la famille tient aussi un gîte rural. Et comme l'a constaté RMC qui les rencontrés, aujourd’hui, les Lacombe ne connaîssent pas de problèmes de trésorerie. Ne pas trop se développer, c’est essentiel pour Christine, la mère de famille.

"On a toujours essayé de privilégier un endettement modéré", s'enorgueillit-elle au micro de RMC. "Même si on gagne un peu moins, il faut être capable de rebondir en cas de difficultés".

"Gagner du temps et être performant"

Pour ne pas trop investir nettement dans du matériel, la famille a trouvé une solution: monter une coopérative avec huit autres agriculteurs. Ils se louent les engins agricoles. Stéphane, le fils cadet, explique:

"C'est vrai qu'on a une réelle économie, puisque que pour une benne, il faut compter un investissement compris entre 20.000 et 30.000 euros, en fonction des gammes. Si on est deux, on achète un petit matériel. Si on est huit, on peut se permettre d'acheter un petit peu plus gros, ce qui permettra à tout le monde de gagner du temps et d'être performant".

"Il y en a qui renouvellent plus souvent"

Second point de leur stratégie pour faire des économies: éviter la course à la modernisation du matériel. La salle de traite, par exemple, a 25 ans.

"C'est pareil: il y en a qui renouvellent plus souvent. Nous on trouve que ça fonctionne quand même", poursuit Stéphane. "Les constructeurs d'équipements de traite nous on dit que c'était du matériel de camping. D'après lui, on n'était pas fier de montrer ça. Nous, ça ne nous dérange pas plus que ça"!

"Aller à l'essentiel"

Leur exploitation reste modeste, et vit beaucoup grâce à la récupération.

"Ce n'était pas un bâtiment agricole, à la base", reprend le fils cadet. "C'est un bâtiment qui a eu une première vie. Quand on ne roule pas sur l'or, on commence avec un bâtiment comme ça, et on voit qu'il a fait 25 ans, qu'il n'est toujours pas tombé. Et les animaux sont encore dessous, à l'abri. Ils ont l'air bien. Il y a de l'obligatoire, il y a de l'utile et puis il y a du facultatif, quoi. Nous, on essaye d'aller à l'essentiel".

"La France profonde a sa place"

Vivre simplement, c’est comme cela que la famille Lacombe arrive à joindre les deux bouts.

"On s'en sort aussi bien que si j'allais faire mes 35 heures en tant qu'enseignante", se félicite Christine. "Si mon mari m'avait dit 'moi, je ne vois que par la dimension de la compétitivité', s'il m'avait tenu le discours qu'on tient aujourd'hui, il aurait fait ce qu'il voulait, mais sans moi".

Et pour elle, le modèle familial, c’est certain, a encore de long jours devant lui. "Il n'y a pas un modèle unique. La France profonde a sa place", conclut-elle.

C. P. avec Romain Poisot