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Procès de 18 aficionados: "Certains ont perdu les pédales à cause des provocations des anti-corridas"

Des CRS filtrent les accès aux rues adjacentes au tribunal correctionnel de Nîmes, où se tient à partir de ce jeudi 14 janvier le procès de 18 aficionados.

Des CRS filtrent les accès aux rues adjacentes au tribunal correctionnel de Nîmes, où se tient à partir de ce jeudi 14 janvier le procès de 18 aficionados. - Pascal Guyot - AFP

18 aficionados, amateurs de corridas, sont jugés en correctionnelle à partir de ce jeudi à Nîmes, pour des violences contre des militants anti-corrida en 2011 dans les arènes gardoises de Rodilhan (Gard). Un procès qui nécessite une forte présence policière, symbole de la tension persistante entre pro et anti-corrida.

Plus de quatre ans après les faits, la tension n'est pas retombée, comme l'illustre la présence d'une dizaine de cars de CRS et des barrages filtrants les accès au tribunal correctionnel de Nîmes, où débute ce jeudi le procès de 18 aficionados. Ces amateurs et défenseurs de la corrida sont jugés pour des violences contre des militants anti-corrida en 2011 dans les arènes gardoises de Rodilhan. Ils sont inculpés de "violence commise en réunion", "vol avec violence", "violence aggravée par deux circonstances suivie d'incapacité supérieur à huit jours".

Le 8 octobre 2011, des dizaines de militants anti-corrida avaient monté une opération pour empêcher la tenue de la finale de "Graine de toreros" dans les arènes du village de Rodilhan, à 6 km à l'est de Nîmes. Ils s'étaient notamment enchaînés au niveau de la taille en déclenchant des fumigènes rouge-sang, avant de scander "abolition !", le poing levé. Ou encore, "la torture n'est pas notre culture!". Entravés et à genoux, certains militants avaient ensuite été frappés à coup de poing et de pied et brutalement traînés au sol alors qu'ils étaient incapables de se défendre.

"On m'a tiré les cheveux, j'ai eu des bleus partout"

En tout, 47 victimes ont été convoquées pour ce procès hors norme qui se tiendra exceptionnellement jusqu'à vendredi dans la salle des assises, tout près des arènes de Nîmes, que les anti-corrida considèrent comme un "chaudron de la torture". Angélique Roolandt, originaire de Belgique et militante de la cause animale, a été violentée ce jour-là à Rodilhan.

"On m'a tiré les cheveux, j'ai eu des bleus partout suite aux coups qu'on a reçus. J'ai vraiment eu l'impression de me retrouver du temps des chrétiens jetés dans l'arène. Il ne manquait plus que les lions".

Malgré les années qui sont passées depuis, elle ne parvient pas à oublier. "On a vu ses frères et sœurs se faire frapper, et puis penser que ces 6 taureaux ont quand même été massacrés. Les jours qui ont suivi ont été les plus durs", dit-elle, la voix tremblante à cause de l'émotion.

"La provocation des anti-corrida a porté ses fruits"

Corentin Carpentier, président des jeunes aficionados nîmois, le reconnaît : ce jour-là, "certains aficionados ont perdu les pédales". Il fait partie des 18 accusés qui sont jugés à partir de ce jeudi. "On me reproche d'avoir porté des coups sur les anti-corridas", explique-t-il, alors que lui affirme pour sa défense qu’il a seulement traîné sur le sol des militants anti-corrida pour les faire sortir des arènes où ils s'étaient enchaînés.

"On a essayé de trouver des solutions pour évacuer ces anti-corridas et puis après la tension est montée, raconte-t-il sur RMC. Les fumigènes qui étaient jetés, les insultes… Certains aficionados ont perdu les pédales et la provocation, qui était le but des anti-corrida sur cette action - qui était illégale d'ailleurs -, a porté ses fruits et certaines personnes ont perdu leur sang-froid".

"On n'a pas le droit de frapper des gens parce qu'on est pas d'accord avec eux"

Les condamnations doivent être exemplaires, réclame Roger Lahana, vice-président du Comité anti-corrida européen. Comme d'autres anti-corrida, il est venu à Nîmes en soutien aux militants violentés. "Je pars du principe que dans notre pays on n'a pas le droit de frapper des gens parce qu'on est pas d'accord avec eux. On peut discuter, débattre, on peut même s'envoyer des noms d'oiseaux quand on est très énervé, mais on n'a pas le droit de se frapper. Tout est là, tout se résume à ça".

Les militants du Comité radicalement anti-corrida (Crac) et d'autres organisations anti-corrida voulaient déployer devant le tribunal des photos des blessures et violences infligées par des partisans de la corrida à des "anti". Refoulés par les policiers, ils se sont rabattus sur la cour d'appel située non loin de là.

P. Gril avec L. Dian et AFP