RMC

Procès de l'hormone de croissance: "Si je meurs demain…"

La cour d'appel de Paris juge l'affaire des hormones de croissance ce lundi

La cour d'appel de Paris juge l'affaire des hormones de croissance ce lundi - AFP

TEMOIGNAGE - Entre 1983 et 1987, près de 1.700 enfants en insuffisance hormonale ont été traités par injection à partir de prélèvements contaminés par le prion de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Alors que, trente ans après, ce drame trouve ce lundi son épilogue judiciaire, un patient de l'époque fait part ce lundi sur RMC de sa peur de contracter, un jour, la maladie.

Plus de 30 après les faits, le drame de l'hormone de croissance trouve son épilogue judiciaire. Ce mardi, la cour d’appel de Paris se prononce sur la responsabilité civile de deux professeurs dans cette affaire retentissante. Entre 1983 et 1987, près de 1 700 enfants en insuffisance hormonale ont été traités par injection à partir de prélèvements contaminés par le prion de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Et, au moins 125 enfants, adolescents et jeunes adultes sont décédés entre 1985 et aujourd'hui.

Charles Guillaume, 39 ans, a pris des hormones de croissance en 1977 et peut donc contracter la maladie de Creutzfeldt-Jakob à tout moment. Comment vit-il au quotidien? "Le jour où l'on apprend ça, on se demande ce qu'il va nous arriver. Si je meurs demain, à quoi ça sert de continuer à aller en cours, de faire des études, de travailler, de s'investir puisque demain je serais mort", témoigne-t-il sur RMC.

"On n'en a aucune certitude"

"La maladie de Creutzfeld-Jakob a une période d'incubation extrêmement longue donc on ne sait pas à quel moment elle va se déclencher, poursuit-il. Au fur et à mesure que le temps passe, on peut supposer que l'on est passé à travers mais finalement on n'en a aucune certitude". Trente après les faits, après deux procès et une relaxe générale, on sait que personne n'ira en prison et qu'il n'y aura jamais de responsable pénal pour la mort d'enfants. Toutefois avec les familles espèrent encore une ultime "reconnaissance" de la justice.

"Nous attendons que la justice reconnaisse enfin, après tant d'années, que des erreurs ont été commises par les personnes ayant fabriqué ce médicament, argumente Béatrice Démaret, présidente de l'association de défense des victimes. Qu'on reconnaisse aussi le préjudice des jeunes traités, des familles qui ont perdu un enfant, un mari, un père. En clair, on attend que la justice reconnaisse qu'il y a eu des fautes et que ces fautes doivent être indemnisées". Et pour le "préjudice irrémédiable" subi, les 21 parties civiles réclament un montant total d'environ dix millions d'euros.

Maxime Ricard avec Antoine Perrin