Quand des ex-jihadistes franchissent la douane française comme des touristes classiques

- - AFP
Ce lundi, Manuel Valls est venu, en personne, présenter aux députés le projet de loi qui renforce les pouvoirs des services de renseignements français. Le Premier ministre dément toute forme de "Patriot Act" à la française. Il assure qu'il n'y aura pas de surveillance massive des Français. Pour défendre ce projet, le Premier ministre a aussi avancé de nouveaux chiffres concernant le nombre de Français présents en Irak ou en Syrie.
Selon ces nouvelles données, 1.550 Français sont ou ont été impliqués dans des filières terroristes basées dans ces pays, soit trois fois plus qu'en janvier 2014. Il a ajouté que 434 d'entre eux sont toujours sur place et que 96 sont morts au combat. De plus, 300 Français sont revenus, que des hommes et tous quasiment sont arrêtés dès leur retour. Pourtant, selon nos informations certains de ces ex-jihadistes rentrent comme des touristes classiques sans être repérés à leur passage de la douane française. C'est le cas de ce jeune homme rentré sans encombre il y a quelques semaines.
En détention provisoire mais pas à l'isolement
Un retour sans aucun contrôle alors même que les services de renseignement savaient qu'il avait rejoint les rangs de l'Etat islamique puisque sa famille l'avait signalé. Mais, il y a quelques semaines il est donc rentré en France et a franchi la douane sans éveiller le moindre soupçon. Totalement libre, il est retourné voir sa famille et c'est seulement au bout de quelques jours que cet ex-jihadiste a choisi de se rendre. La raison? Il voulait expliquer son parcours et se défendre. Aujourd'hui, le jeune homme est incarcéré en détention provisoire sans toutefois être placé à l'isolement.
Pourtant, dans les rues de Raqqa, fief de l'Etat Islamique, ce Français était membre de la police religieuse. Armes sur l'épaule, il avait pour rôle de faire respecter les lois imposées par l'Etat Islamique. Sur place, cette police est particulièrement violente, elle a tous les droits: du contrôle du contenu des téléphones portables à l'organisation d'exécutions.
Le ministère de l'Intérieur reconnaît des défaillances
Et ce cas ne serait pas isolé. S'ils ne sont pas extrêmement nombreux, ils existent. Ainsi, à la fin de l'année dernière, c'est un jeune Niçois qui est rentré chez lui sans souci après un séjour en Syrie. Poussé par son entourage, lui aussi a fini par se rendre. A ces cas, il faut ajouter ceux qui n'ont jamais été signalés. Des hommes partis rejoindre l'Etat Islamique sans être repérés et qui reviennent donc également sans éveiller le moindre soupçon. Contacté, le ministère de l'Intérieur explique que le risque zéro n'existe pas et reconnait que certains retours lui échappe.
En cause notamment, selon les spécialistes tels que Jean-Charles Brisard, le manque de coordination entre les services en France. "Il y a sans doute des défaillances dans la coordination entre les services de l'Etat. Il y a différents services chargés du même phénomène ce qui, parfois, a tendance à ralentir les processus et créer des défaillances", explique à RMC cet expert en terrorisme. Autre raison avancée: dans un récent rapport, plusieurs sénateurs mettaient aussi en avant le manque de moyens de la police aux frontières....