Raqqa: ceux qui résistent de l'intérieur contre l'Etat islamique

Au cœur de l'Etat islamique - AFP
Raqqa est une ville de 200 000 habitants située à l'est de la Syrie. Il y a un peu plus d'un an, elle est tombée entre les mains des jihadistes de l'Etat islamique, qui en ont fait leur capitale. Chaque jour, sur place, hommes, femmes et enfants vivent selon les règles établies par ce groupe terroriste. Un véritable diktat de la terreur. Mais, depuis quelques mois, un groupe de jeunes activistes diffusent chaque jour sur les réseaux sociaux vidéos et photos témoignant des atrocités de la vie quotidienne imposée par Daech.
Au départ, ces résistants de Raqqa étaient 17. Chaque jour, au péril de leur vie, ils mettaient en ligne des images sur le groupe Facebook "Raqqa qu'on égorge en silence". Mais l'un d'entre eux a été assassiné par les jihadistes. Sur son téléphone portable, les terroristes ont découvert des photos. Une mort qui n'empêche pas Abu Ward, 23 ans, de poursuivre son combat. "Je vis caché dans une maison. Avec mes amis nous sortons seulement quelques minutes pour prendre des photos. Nous avons changé de noms pour que personne ne nous reconnaisse" témoigne-t-il sur RMC ce lundi.
"Si tu fais quelque chose de mal, il te tue devant tout le monde"
Si Abu Ward et ses amis prennent autant de risques, c'est pour dénoncer de l'intérieur les nombreux crimes commis par l'Etat islamique. Et notamment les multiples exécutions sommaires : "S'ils veulent punir quelqu'un, il l'exécute sur la place publique le vendredi. Si tu fais quelque chose de mal il te tue devant tout le monde" assure-t-il. Abu Ward s'adresse aussi aux étrangers venus faire le jihad au sein de l'Etat islamique. "Quittez mon pays, quittez ma ville ! Nous n'avons pas besoin qu'on nous dise comment vivre, que des gens inconnus qui ne parlent même pas arabe viennent nous diriger..."
Parmi ces résistants, il y a aussi Abu Ibrahim, 22 ans. Avant, il était étudiant en médecine, mais repéré par des membres de l'Etat Islamique, il a dû fuir, quitter la Syrie pour se mettre à l'abri. Interrogé par RMC, il confirme la présence de nombreux français au cœur de Raqqa. "Nous les voyons dans les cybercafés parler en français avec leur famille. Mais il y a aussi des combattants australiens, américains, allemands ou encore néerlandais". Et d'assurer : "On les voit partout, les habitants ont l'impression d'être des étrangers chez eux. C'est très dur".