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Réunis à Cannes, les plagistes privés redoutent des "disparitions d'établissements"

Le "décret plage" prévoit  notamment une réduction des surfaces exploitables par les établissements privés. (Photo d'illustration)

Le "décret plage" prévoit notamment une réduction des surfaces exploitables par les établissements privés. (Photo d'illustration) - AFP

Les plagistes organisent à Cannes leur première convention nationale pour manifester leur opposition au "décret plage", qui prévoit notamment de réduire les surfaces exploitables par les établissements privés. Les riverains, eux, espère une application rapide, pour leur "bien-être".

Les plagistes de toute la France se sont donnés rendez-vous aujourd'hui et demain à Cannes pour leur première convention nationale. Ils ont décidé de s'unir pour protester contre le "décret plage" de 2006. Afin de protéger le littoral et ses usagers, ce texte prévoit notamment une réduction des surfaces exploitables et la limitation du nombre d'établissements.

Rien que sur la Côte d'Azur, 30 plages pourraient fermer et 2000 emplois seraient menacés. Il existe 22.000 matelas et 200 plages privées sur la Côte d'Azur. À Cannes, sur la Croisette, la mesure fait débat. Car y trouver une plage sans dépenser un centime, c'est le parcours du combattant, explique Méline au micro de RMC:

"A Cannes, il faut que vous fassiez toute la Croisette pour pouvoir trouver une plage qui n'est privée, avec beaucoup beaucoup de monde dessus… Ce serait déjà un très bon début de pouvoir supprimer cinq, six plages privées. C'est aussi notre bien-être qui compte".

Les plagistes veulent "des zones de haute fréquentation touristiques"

Moins de plages privées, c'est justement ce que redoutent les plagistes comme Olivier, installé ici, depuis quarante ans:

"Cette application du décret va faire énormément mal à l'économie touristique. Là, il y a carrément des disparitions d'établissements. Donc ne serait-ce que sur la région de Cannes, Antibes, ce sont 700 emplois qui disparaissent. Très sincèrement, on a plus le sentiment d'avoir une injustice".

Alors les plagistes de la Cote d'Azur veulent un assouplissement du décret, notamment dans les zones hyper touristiques, précise leur représentant, René Colomban:

"On peut considérer qu'il y a des zones de haute fréquentation touristique où on pourrait tolérer plus de plages privées sur un espace réduit".

"Une proportion de plages privées trop élevée"

Et les plagistes sont déterminés, il ne leur reste plus qu'un an avant l'application de ce décret. Et ils n'excluent pas de manifester si le texte n'est pas revu. Alain Challant, le président de l'association ADEGV (Association pour la défense de l’environnement et la qualité de vie de Golfe-juan Vallauris), une association environnementale, dénonce la trop forte emprise du privé sur le public:

"La privatisation a pris des proportions qui vont bien au-delà, et c'est l'une des raisons du décret de 2006, pour réduire cette emprise du privé sur le public. Il faut vraiment aller dans ce sens. Ici, il y a une proportion de plages privées qui est très élevée. Il y a un littoral qui est quand même très fragile, un accroissement très probable du niveau de la mer dans les prochaines années. Donc il faut faire très attention. Ça passera nécessairement par la fermeture de plages privées, parce qu'il y en a trop et parce que certains ont une emprise avec des constructions en dur trop contraignantes sur la nature".

Le décret devrait s'appliquer à Cannes à l'occasion du renouvellement des concessions en 2017. Les plages privées de Pampelonne, Antibes, Juan-les-Pins seraient également concernées et particulièrement pénalisées avec un nombre important de fermetures.

C. P. avec Élodie Messager