Revirement de Salah Abdeslam: "Je pense que c'est une fuite lâche"

- - AFP
C'est un revirement qui étonne dans la défense de Salah Abdeslam. Son avocat a annoncé jeudi qu'il voulait partir en France le plus vite possible, car il a compris que son dossier ici n'est "qu'un petit morceau" et "il veut s'expliquer en France". Cette explication ne convainc absolument pas Maître Solange Doumic, avocate des victimes du 13 novembre.
"On a une volte-face complète de Salah Abdelslam", constate-t-elle. "Pour moi, cette volonté d'abord de refuser le transfert puis de demander l'accélération, sont deux preuves successives de son absence de volonté de coopérer. Il a le sentiment que la tension générale et sociale est peut-être moins forte en France actuellement, car les attentats ne sont plus aussi immédiats dans nos cœurs et dans nos esprits qu'en Belgique. Je pense que c'est une fuite lâche. Je suis persuadé qu'il ne se soumettra à rien du tout. Et qu'il répondra ou à côté, ou pas du tout. Je ne suis pas dupe."
La procédure de transfèrement retardée?
Pour autant, malgré le consentement de Salah Abdeslam, les récents attentats survenus à Bruxelles peuvent-ils ralentir la procédure de transfèrement vers la France ? La justice belge pourrait avoir intérêt à le garder afin de l'interroger. Une audience devant la chambre du conseil sur l'exécution de ce mandat d'arrêt européen est prévue à Bruxelles le 31 mars.
"La remise pourrait être retardée en vertu de la loi belge", reconnait Maître Antoine Chomé, avocat au barreau de Bruxelles et assistant à l'Université libre de Bruxelles. "On peut différer la date de remise de la personne concernée si la personne fait l'objet de poursuite en Belgique, mais il n'y a pas délai fixé par la loi. Au vue de la communication constante du procureur fédéral et du procureur de Paris, ils vont accorder leurs violons pour organiser la poursuite de leur enquête sans la poindre entrave de l'un vis-à-vis de l'autre".
Selon Florence Rouas Elbazis, avocate parisienne, ce différé ne remet pas en cause le transfert à terme de Salah Abdeslam en France. "On peut imaginer que la Belgique veuille l'entendre sur les faits qui viennent de se produire à Bruxelles et diffère sa remise aux autorités judiciaires françaises, tout en acceptant le principe. Le mandat d'arrêt européen est une coopération entre les états membre, ce serait juste un différemment."