Révision constitutionnelle: à droite comme à gauche, plus personne ne croit au Congrès

François Hollande à la tribune lors du dernier Congrès exceptionnel - AFP
Après quatre mois de controverses, la perspective d'un Congrès pour voter la révision constitutionnelle post-attentats semble plus que jamais dans l'impasse, les chefs de file des sénateurs et députés LR refusant une réforme cantonnée à l'état d'urgence. Le sort de la révision est entre les mains de François Hollande, qui devrait rendre son verdict dans les prochaines heures. Concrètement le président doit décider s'il maintient l'article 1, qui vise à inscrire le régime de l'état d'urgence dans la loi fondamentale, et l'article 2 sur la déchéance de nationalité pour les terroristes. Le premier remporte un relatif consensus, le second déchaîne les passions.
"Vous êtes dans une impasse"
Avant de trancher, le chef d'Etat va consulter jusqu'au bout pour essayer de trouver une porte de sortie acceptable. Il a vu ce mardi soir les ténors de la majorité (Bruno Le Roux, Claude Bartolone, Jean-Christophe Cambadélis et Manuel Valls). En substance, ils lui demandent tous "d'oublier Versailles et le Congrès": "Vous êtes dans une impasse", lui expliquent-ils. Impossible de trouver un texte qui pourrait satisfaire tout le monde: la droite, la gauche, l'Assemblée et le Sénat sont en effet incapables de trouver un compromis sur la déchéance de nationalité.
Il faut dire qu'en coulisses les batailles politiques ont depuis longtemps pris le pas sur tout le reste : "On fera tout pour qu'il (François Hollande, ndlr) n'ait pas son congrès" expliquent députés et sénateurs de l'opposition. A quelques mois de la primaire de la droite, personne n'a envie de faciliter la vie du chef de l'Etat. "Passez à autre chose Monsieur le président", c'est en substance le message de Damien Abad, député les Républicains de l'Ain.
"Il vaut mieux que nous renoncions"
"La moindre des choses est de prendre la parole pour dire qu'il ferme le ban. Ce Congrès à Versailles est complètement décalé, déphasé par rapport à la réalité de la situation, considère-t-il. La déchéance de nationalité, bien que le symbole soit important, ne résoudra en rien la question du terrorisme en France". Mais, à gauche aussi, on ne fera rien pour aider François Hollande. En effet, la déchéance de nationalité a tellement divisé les rangs socialistes que les parlementaires ne comptent pas se battre pour imposer la révision constitutionnelle.
"Je pense qu'il vaut mieux que nous renoncions plutôt que de nous conduire encore dans des discussions à n'en plus finir", estime ainsi Patrick Mennucci, député PS des Bouches-du-Rhône. "En plus, souligne un député socialiste, maintenant on connait Hollande. Il est du style à nous laisser aller au charbon, à nous laisser défendre la révision constitutionnelle et à décider le contraire le lendemain". Car, comme toujours, François Hollande décidera seul...