Rio de Janeiro: "La capoeira aurait dû être aux Jeux Olympiques!"

- - AFP
Ce soir-là, il y a du judo à la télévision, du volley et même l’équipe brésilienne de football. Mais à Guararapes, ce sera samba. Le minuscule terrain de football, de cette favela accrochée à la colline surplombée par le Corcovado, a décidé une fois encore de faire la fête.
Toute la favela est invitée. Parole de danseuse d’abord, elle s’appelle Marta: "On est heureux, c’est le bonheur, tout simplement. Quand on danse tout va bien, c’est simple. C’est ça la samba brésilienne".
Cela peut sonner comme un cliché, mais la samba rythme bien les rues de Rio. Pour les touristes souvent, mais là dans cette favela, les touristes sont très loin. Joao est un des musiciens qui joue ce soir: "La samba ça fait du bien. C’est naturel chez nous les Cariocas. Ça fait partie de notre corps, ça fait partie de notre âme. Il y a beaucoup d’émotion dans la samba. C’est un moment de liberté. Ça parle à notre cœur, voilà !"
"La samba, un moment de liberté"
Le rythme, les sourires, l’ambiance. La samba fait du bien, et c’est ça l’objectif de cette soirée. "C’est très important pour notre favela, ces moments. Tout le monde travaille beaucoup. C’est donc un moment où on peut se détendre, ne plus penser à rien. C’est un moment de liberté!", se réjouit un habitant.
Dans l’immense favela de Rocinha, l’ambiance est quasiment là même. L’association "Accorda capoeira", a décidé de mettre de l’ambiance au passage d’une des épreuves cyclistes de ces Jeux Olympiques. Séance de Capoeira, tout le monde est habillé en blanc. Ils sont une trentaine en cercle.
Quelques instruments de musique, et au milieu du cercle, une danse surprenante expliqué par Miguel. Manifestement, il maîtrise la capoeira comme personne ici: "La capoeira, c’est ma vie. C’est un art. C’est une lutte entre deux personnes, transformée en danse. C’est le Brésil qui a inventé ça. Tout ce que je fais c’est autour de la capoeira, c’est ma vie, 24h/ 24h je pense capoeira".
"La capoeira est une forme d'expression"
C’est une sorte de combat avec les pieds, avec les jambes, mais un combat où les protagonistes ne se touchent pas. Et quand vous demandez à un capoeriste de parler de son art, il a tendance à faire dans la poésie. Manuel par exemple, est le président de l’association: "La capoeira c’est une forme d’expression. C’est l’air qu’on respire, c’est l’eau qu’on boit, c’est le chant d’un petit oiseau. Au départ c’était pratiqué par les premiers esclaves, c’est pour cela que c’est assez simple. Et aujourd’hui grâce à Dieu, c’est pratiqué partout dans le monde".
Alors Manuel aurait adoré que sa passion soit une épreuve olympique, ici pour les Jeux dans son pays, dans sa ville: "Oui, bien sûr ça aurait dû être aux Jeux Olympiques. Ça aurait valorisé notre discipline et surtout valorisé la culture brésilienne. Vous savez, on fait des compétitions de capoeira. Il y a des médailles. Alors pour gagner il ne faut pas être violent, il faut être beau, il faut que le corps bouge bien. Mais surtout, surtout sans agressivité".
C’est toute l’essence de ces deux activités culte ici à Rio. Aucune agressivité, juste des sourires, des applaudissements et une ambiance légère.