Rondot témoigne en faveur de Villepin au procès Clearstream

Un témoin clé, le général Philippe Rondot, a déposé mercredi en faveur de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin au procès en appel d'une manipulation menée en 2004 avec de faux fichiers de la société Clearstream où figurait notamment le nom de N - -
Le procès de cette intrigue aux multiples rebondissements se déroule sur fond d'enjeux politiques, Dominique de Villepin, relaxé en première instance en 2010, envisageant de se présenter à l'élection présidentielle de 2012 contre Nicolas Sarkozy.
Philippe Rondot, 74 ans, est le pivot de l'affaire et du dossier judiciaire. Il a enquêté en 2003 et 2004 sur les listings, à la demande notamment de Dominique de Villepin. Les carnets de note du militaire où il a consigné toutes les réunions, saisis pendant l'enquête, servent de guide aux juges.
Ce général, à l'origine notamment de l'arrestation d'Ilich Ramirez Sanchez dit "Carlos" en 1994 au Soudan, a assuré à la barre de la cour d'appel de Paris que Dominique de Villepin n'avait pas comploté contre Nicolas Sarkozy.
"A aucun moment, avec Dominique de Villepin, nous n'avons parlé de Nicolas Sarkozy et de son compte", a-t-il dit. Selon l'accusation qui a fait appel de sa relaxe, Dominique de Villepin s'est servi de la fausse mention d'un compte bancaire occulte détenu par Nicolas Sarkozy pour le discréditer.
Mais pour le général Rondot, Dominique de Villepin était de bonne foi, car il pensait que les listings pouvaient être vrais, ce qui écarte l'accusation de "complicité de dénonciation calomnieuse".
LAHOUD "À LA SOURCE"
Il est même possible selon Philippe Rondot que, lors de la réunion de janvier 2004 au ministère des Affaires étrangères qui a lancé l'affaire des listings, Dominique de Villepin n'ait pas même entendu le nom de Nicolas Sarkozy.
Il a pourtant bien été prononcé car sur les carnets Rondot, on lit "enjeu politique Nicolas Sarkozy, fixation sur Nicolas Sarkozy, compte couplé, à vérifier".
"Je ne suis pas sûr que M. de Villepin ait pu entendre, car sans quitter la pièce, il allait souvent à son téléphone", a dit le général. Pour lui, l'ancien-vice président d'EADS Jean-Louis Gergorin, qui avait fait connaitre les listings à Dominique de Villepin, était aussi de bonne foi.
Est donc en cause, aux yeux du militaire, l'autre prévenu Imad Lahoud, la "source" de Jean-Louis Gergorin. A ses yeux, Imad Lahoud n'était pas "la source mais à la source" des listings, c'est-à-dire l'auteur de la falsification.
Pourquoi, dans ce cas, ne pas avoir dénoncé cet homme avec lequel il travaillait à la justice ? a demandé la cour au général. C'est parce que les services secrets ont l'habitude de traiter avec des informateurs qui peuvent s'avérer douteux.
"Nous ne sommes pas, dans les services (secrets), une bande de voyous rompus aux coups tordus qui peuvent avoir lieu dans le monde politique. Nous ne sommes pas des dénonciateurs", a dit Philippe Rondot.
Le procès se poursuit jusqu'au 26 mai. L'arrêt sera mis en délibéré jusqu'à l'automne.