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Royal et Aubry se croisent à Jarnac sur fond d'écharpes rouges

Quinze ans jour pour jour après la mort de François Mitterrand, une foule de dirigeants socialistes s'est pressée samedi sur sa tombe à Jarnac (Charente), où les caméras se sont braquées sur Martine Aubry, premier secrétaire du PS qui entretient le mystèr

Quinze ans jour pour jour après la mort de François Mitterrand, une foule de dirigeants socialistes s'est pressée samedi sur sa tombe à Jarnac (Charente), où les caméras se sont braquées sur Martine Aubry, premier secrétaire du PS qui entretient le mystèr - -

par Laure Bretton JARNAC, Charente (Reuters) - Entre les tombes de pierres claires du cimetière de Jarnac, la nostalgie a fait ressortir quelques...

par Laure Bretton

JARNAC, Charente (Reuters) - Entre les tombes de pierres claires du cimetière de Jarnac, la nostalgie a fait ressortir quelques écharpes rouges, devenues au fil des années l'emblème de François Mitterrand.

Quinze ans après la mort du seul président de gauche de la Ve République, une foule de dirigeants socialistes s'est pressée samedi sur sa tombe, en Charente, pour un défilé à haute valeur symbolique, à seize mois de la prochaine présidentielle.

Les grandes figures de la "Mitterrandie", de Robert Badinter à Roland Dumas, ayant choisi de ne pas se montrer, les caméras se sont braquées sur Martine Aubry, premier secrétaire du PS qui entretient le mystère sur ses ambitions élyséennes, et Ségolène Royal, candidate officielle à l'investiture.

Au grand dam de la direction du PS, la présidente de Poitou-Charentes a fait de Jarnac une étape de sa campagne interne, éclipsant l'autre prétendant présidentiel qui avait fait le déplacement, Arnaud Montebourg.

A l'heure où tous se pressent dans le cimetière des Grand'Maisons, l'ancienne candidate à l'Elysée confie au journal Le Monde avoir "pensé" à celui qui se présenta trois fois à la présidentielle avant de l'emporter, le 10 mai 1981, quand elle a décidé de briguer à nouveau l'investiture.

"Depuis longtemps, au fond de moi, j'ai envie de succéder à François Mitterrand par amour de la France", ajoute la présidente de Poitou-Charentes, qui fut la conseillère du héros du jour pendant sept ans à l'Elysée et qui goûte au "bonheur tranquille" de voir les socialistes réunis sur ses terres.

De son côté, Martine Aubry refuse de se poser en héritière de l'ancien président - "je suis une héritière de tous les socialistes", rectifie-t-elle, citant Léon Blum et Jean Jaurès - et loue le Mitterrand qui savait "réconcilier les Français".

"La politique ce n'est pas de parler de soi", souligne la maire de Lille, comme pour décocher une flèche à Ségolène Royal.

Pour celle qui s'enorgueillit d'avoir remis le PS au travail afin qu'il ait un projet présidentiel prêt en 2012, la politique, "c'est d'abord de dire ce qu'on veut faire pour la France".

"UNE LEÇON POUR L'AVENIR"

Jarnac 2011, "c'est le rendez-vous de l'amitié", assure Jack Lang, sans une once d'ironie dans la voix, refusant de faire une "interprétation politique" de cette procession qui chemine entre les mausolées.

L'ancien ministre de la Culture en profite toutefois pour dresser le portrait robot du candidat socialiste idéal pour 2012. Pour devenir président de la République, explique-t-il aux journalistes, "il faut du courage, de la conviction, de l'imagination... et la carrure".

"La carrure, c'est bien ça qui leur manque aujourd'hui", lâche dans son dos un anonyme à moustache.

Arnaud Montebourg, qui se range pourtant de lui-même parmi les "déçus" du Mitterrandisme, est du voyage. "Ici, c'est notre histoire, nos racines, nos émotions et une leçon pour l'avenir", explique le candidat à l'investiture avant de taper dans le dos du maire de Paris à la sortie du cimetière des Grand'Maisons.

"Alors, comment tu vois les choses ?", demande le premier, un brin grandiloquent.

"On ne va peut-être pas en parler là", réplique sèchement Bertrand Delanoë, montrant la forêt de caméras qui les entoure.

Suivant un protocole que l'institut François Mitterrand avait pris soin de détailler sur une demi-douzaine de pages, tous ont pris place devant le caveau de François Mitterrand afin d'y déposer des fleurs - tulipes roses et feuillage pour Mazarine Pingeot, sa fille naturelle, roses rouges pour la plupart des autres.

Nicolas Sarkozy et François Fillon ont fait installer des couronnes portant un ruban tricolore avant l'arrivée de la nuée socialiste où l'on distingue quelques chapeaux de feutre sombre, autre symbole mitterrandien.

Dans la cohue, alors que la bruine commence à tomber, l'ancienne ministre Marie-Noëlle Lienemann se souvient qu'il "pleuvait des cordes le 10 mai 1981" avant de saluer d'une bise Anne Lauvergeon, ancienne sherpa de Mitterrand aujourd'hui à la tête du groupe nucléaire Areva.

Pourquoi se presse-t-on cette année plus que les autres sur la tombe de l'ancien président ? se demande Marie-Noëlle Lienemann avant de répondre elle-même à sa question :

"Parce qu'il faut qu'on se réapproprie la victoire".

Edité par Patrick Vignal

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