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Hausse des accidents de chasse: "Le risque zéro, ça n'existe jamais", revendique Willy Schraen

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Le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, assume ce dimanche sur RMC que le "risque zéro, ça n'existe jamais", en réaction à la hausse des accidents mortels. "Une chasse au gros gibier dangereuse lorsqu'elle est forcée" car la faute revient, selon lui, à ceux qui demandent trop de régulation de la faune, notamment le gouvernement.

C'est l'ouverture de la chasse dans 40 départements ce dimanche, après une saison 2024-2025 marquée par une accidentologie à la hausse. Selon les derniers chiffres de l’Office français de la biodiversité (OFB), onze décès ont été recensés contre 6 les deux années précédentes.

C’est le bilan le plus lourd depuis 2019-2020. Tous concernaient des chasses au grand gibier, dont cinq auto-accidents. Un rebond qui inquiète, même si l’OFB rappelle que la chasse reste deux fois moins accidentogène qu’il y a vingt ans, avec une baisse de 54 % des accidents.

"On demande beaucoup aux chasseurs"

Une hausse qui doit être relativisée, selon Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, invité ce dimanche sur RMC, dans Anaïs Matin. "Le risque zéro n’existe jamais, même sur la route. À la chasse, c’est pareil. On demande beaucoup aux chasseurs : d’un côté des gens nous détestent et veulent nous voir rester à la maison, de l’autre des gens nous demandent d’aller chasser parce qu’il y a des sangliers et des dégâts", fait-il valoir.

"Il y une part de la société qui ne peut pas comprendre qu’on puisse avoir du plaisir à aller à la chasse, dans la nature, tuer un animal, le ramener et le manger", regrette Willy Schraen

Celui qui a été candidat malheureux aux dernières élections européennes en 2024, aux côtés de Jean Lassale, dénonce la pression mise sur les chasseurs lors de certaines campagnes de régulation : "L’an dernier, on avait déjà eu trois morts avant même que la saison commence. On a eu un appui trop fort des ministères pour nous dire : vous devez chasser. On demandait à des gens d’aller dans les champs de maïs, pas assez qualifiés pour tirer de grands animaux. Cette année, avec les formations, il n’y a eu aucun accident. Quand on est forcé d’aller à la chasse, ça peut amener des drames. La chasse doit rester un plaisir, volontaire", assène-t-il.

"Tissu du monde rural"

"Il y a une part de la société qui ne peut pas comprendre qu’on puisse avoir du plaisir à aller à la chasse, dans la nature, tuer un animal, le ramener et le manger. Si c’est fait de manière raisonnable et raisonnée, c’est quelque chose de formidable. On a de plus en plus de jeunes qui veulent s’inscrire au permis de chasser, beaucoup de jeunes urbains qui ont perdu ces valeurs. La chasse, c’est collectif. C’est quand même un tissu au niveau du monde rural assez exceptionnel. C’est souvent pour 87 % des communes la seule association qui reste", met en avant le président de la Fédération nationale des chasseurs.

La LPO s'insurge de la chasse de la tourterelle des bois

Autre sujet, la réouverture de la chasse à la tourterelle des bois, suspendue depuis 2021. La France a publié un arrêté fin août autorisant le tir de 10 560 oiseaux pour la saison 2025-2026, malgré l’opposition exprimée par 71 % des participants à la consultation publique.

La Ligue de protection des oiseaux (LPO) rappelle que cette espèce a perdu près de 80 % de sa population en Europe depuis 1980, poussant Bruxelles à imposer un moratoire à la France dès 2019. L’association souligne que l’amélioration récente des effectifs coïncide justement avec l’interdiction de la chasse.

L'invité du jour : Willy Schraen - 14/09
L'invité du jour : Willy Schraen - 14/09
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Un argument que balaie Willy Schraen : "La tourterelle des bois, on s’en est occupés. On replante des haies, on remet des arbres, on a permis à cet oiseau de remonter. Si l’Union européenne nous autorise à la chasser, c’est que ça va mieux. On était tombé à un chiffre très bas, triplé depuis qu’on s’en est occupés. Une espèce chassée, c’est une espèce qui va bien."

L’Europe a en effet validé la reprise, avec des quotas stricts définis par un groupe d’experts chargé d’évaluer la durabilité de la chasse des oiseaux migrateurs. Mais la LPO et plusieurs ONG dénoncent un "cadeau aux lobbies cynégétiques" alors que d’autres espèces sont toujours en danger.

Un jour sans chasse?

Face aux débats sur un éventuel dimanche sans chasse, Willy Schraen se montre inflexible : "J’ai un territoire de chasse, c’est à moi. De quel droit on devrait m’expliquer que je ne peux pas aller chez moi le dimanche et laisser mon bien à disposition de gens qui viendraient l’utiliser ? C’est le socle fondamental de la propriété privée qui est en cause. Si on brise ça, on brise tout l’équilibre de notre société."

Sébastien Lecornu, "très dur négociateur mais pas dogmatique"

Enfin, le président de la FNC a salué la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon. "Je le connais bien : nous avons travaillé ensemble sur la réforme de la chasse en 2019. C’est quelqu’un d’affable, un très dur négociateur mais ouvert, pas du tout dogmatique. Ce n’est pas un chasseur, mais on a toujours pu trouver des positions communes", a-t-il confié.

LM