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Agriculture bio, circuits courts, déjà la fin de l'âge d'or? "Il y a des filières où c'est une véritable catastrophe"

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Les ventes d'agriculture bio ralentissent en France et conduisent de nombreux agriculteurs à abandonner la filière.

L'agriculture "bio" n'a plus le vent en poupe. Par rapport à 2020, les ventes ont reculé de 3,1% en valeur, avec une baisse spectaculaire pour la farine (-18%), le beurre (-12%), le lait (-7%) ou les œufs (-6%). 

Une tendance qui n'augure rien de bon pour la suite selon Etienne Gangneron, vice-président de la FNSEA chargé de l'agriculture biologique. Invité de RMC ce lundi, il confirme que de plus en plus d'exploitants abandonnent la filière biologique car ils ne s'y retrouvent plus financièrement.

"Leur production est déclassée et payée au prix du conventionnel"

"On n'est pas sereins pour une bonne raison. Il y a beaucoup d'attente sociétale, mais très souvent ce n'est pas suivi dans l'acte citoyen. On aimerait bien que le 'consom'acteur' aille jusqu'au au bout. Il y a trois ou quatre filières où c'est une véritable catastrophe avec des producteurs qui n'arrivent pas à valoriser en bio donc leur production est déclassée et payée au prix du conventionnel alors qu'ils respectent un cahier des charges", détaille-t-il dans Apolline Matin.

"Il y a en a qui vont être obligés d'arrêter économiquement"

Par rapport à 2020, la consommation de fruits et légumes bio a chuté de 11% en 2021 sur un an, selon l'interprofession des fruits et légumes Interfel, citant des données de l'institut Kantar. Des chiffres qui pèsent sur le moral de ceux qui avaient fait le choix de se transformer en bio.

"Une bonne partie espère que ce n'est que temporaire et que ça va repartir mais il y a en a qui vont être obligés d'arrêter économiquement parce qu'il ne peuvent pas continuer. S'ils font un projet d'entreprise à 500 euros la tonne de lait, si elle est payée 340, ils ne peuvent pas tenir."

"Après le premier confinement, il y avait eu un engouement très fort pour les produits fermiers, en direct. Ça s'est énormément tassé"

Un abandon de l'agriculture biologique qui compromet l'objectif national d'atteindre 18% de surfaces agricoles en bio en 2027, contre 9,5% fin 2020.

"La France va parfois plus vite que les autres et on ne peut pas s'extraire de la compétition européenne. Et il y a aussi ces soi-disant attentes sociétales, qui sont quand même très très poussées par des ONG, plus que par les citoyens eux-mêmes. On le voit au moment de l'acte d'achat. Malheureusement, on a l'impression que sur certains produits de circuits cours, on a atteint un plafond de verre depuis quelques mois. Après le premier confinement, il y avait eu un engouement très fort pour les produits fermiers, en direct. Ça s'est énormément tassé et on s'interroge."
J.A.