"Ces cailloux-là, il ne fallait pas y toucher": polémique sur la destruction de menhirs à Carnac

C'est l'incompréhension à Carnac, dans le Morbihan, où plusieurs dizaines de menhirs vieux de 7.000 ans auraient été détruits pour permettre la construction d'un magasin de bricolage. À l'origine de la polémique, l'alerte lancée par un archéologue amateur, Christian Obeltz, chercheur sur les populations néolithiques et correspondant de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). Selon lui, 39 petits menhirs (entre 50 cm et un mètre) ont été détruits afin d'ériger un magasin Mr.Bricolage.
La mairie explique ne pas avoir été au courant de la présence de ces vestiges, assurant avoir respecté les règles en attribuant le permis de construire. La direction de Mr. Bricolage "regrette sincèrement cette situation" et ajoute que "la Commission départementale d'aménagement commercial du Morbihan a donné son accord pour l'exploitation commerciale en janvier 2022".
"Il y aura toujours des mécontents"
Sur place, les Carnacois sont divisés: "Ces cailloux-là, il ne fallait pas y toucher. Je suis Breton, je n'aime aps qu'on touche à ma région et mon patrimoine," témoigne au micro de RMC un passant. "Ces magasins s'inscrivent dans le développement de la commune. Il y aura toujours des mécontents", philosophe un autre.
"Le site était répertorié depuis 2015, il avait été sondé par un archéologue professionnel de l'Inrap, l'Institut national de recherches archéologiques préventives", assure à RMC Christian Obeltz, à l'origine de l'alerte. "Cet archéologue avait identifié que les blocs étaient susceptibles d'être des menhirs".
La Drac évacue toute valeur archéologique
Susceptible, un terme flou, à l'origine des doutes et de la polémique. De son côté, le maire de Carnac Olivier Lepick rappelle que toute la procédure était légale: "Le permis de construire a été validé par l'ensemble des services compétents. Ce n'est pas que le maire qui a ce pouvoir", assure l'élu.
"La totalité de ces vestiges était souterraine, on parle de quatre pierres qui était peut-être des menhirs mais il n'y a pas de certitudes de la part des archéologues", ajoute Olivier Lepick. "Quatre menhirs", car dans l’étude de la Drac de 2015, 39 pierres étaient identifiées, mais seulement quatre pourraient peut-être être des menhirs.
Selon plusieurs parties prenantes, c'est la Drac, la Direction régionale des affaires culturelles, qui aurait peut-être donné un peu trop vite son feu vert au projet. Contacté, la Drac répète que le site n'avait pas de valeur archéologique.
Les alignements de menhirs de Carnac font partie des 550 sites mégalithiques recensés dans le Morbihan et vieux de 7.000 ans. Célébrités de la région, ces constructions auraient pu servir de monuments religieux ou de sites funéraires.