"Dupin quotidien": pourquoi le prix de l'eau est (très) différent selon les communes

Comment expliquer une telle différence de tarifs entre deux communes?
L'UFC-Que choisir a publié jeudi une grande enquête sur le prix de l'eau en France. Et c'est un sujet très sensible: la facture d'eau reste très difficile à lire. Si les gens savent qu'ils paient cher, ils ne savent pas forcément ce qu'ils paient en réalité. En analysant plus de 1000 factures, l'association a constaté des écarts très importants en fonction des communes... et notamment en fonction du type de gestion.
Une question de gestion
L'eau peut en effet être gérée par une régie (une commune ou une communauté de communes), un syndicat (département) ou via une délégation de service public (les collectivités délèguent alors à des opérateurs privés). Et on s'aperçoit que les régies ou les syndicats sont moins chers que tous les distributeurs privés et que les petits distributeurs sont moins chers que les grands comme Véolia et Suez.
Concrètement, on a un prix moyen de 3,88 euros le mètre cube d'eau quand c'est géré par le public, soit 388 euros par an pour 100 m cube par foyer. Dans les communes gérées par Véolia, par exemple, il faut compter en moyenne 442 euros et 459 euros avec Suez.
Dans le public, quand les régies sont bien gérées, elles se révèlent être très compétitives. Reste que les élus doivent très investis dans cette gestion. Les résultats sont alors exceptionnels: 2,87 euros à Aix-en-Provence ou 2,92 euros à Besançon ou à Strasbourg. Mais on a aussi des régies publiques qui sont moins bien gérées et là, on retrouve le prix du privé, comme au Havre où le prix du mètre cube atteint 4,87 euros.
Et les zones rurales?
Entrent aussi en ligne de compte des négociations sur le prix menées par les élus locaux avec le privé. Par exemple, la ville de Lyon a réussi à baisser le prix de l'eau à 3,08 euros. A Béziers, aussi, on est passé de 4,68 euros à 3,06. Les élus y ont été durs en négociation et les entreprises privées ont comprimé leurs marges...
Ceux qui sont le plus pénalisés restent les habitants des zones rurales: moins d'habitants pour partager les coûts, moins d'habitations. Et il y a la pollution agricole. Les pesticides et les nitrates qu'il faut traiter dans certaines régions très agricoles, comme le Beaujolais, et où le prix de l'eau est particulièrement élevé.
Mention spéciale, enfin, pour la ville de Lons-le-Saunier qui avait des nappes phréatiques très polluées. Au lieu d'investir dans une usine de traitement, elle a accompagné les agriculteurs pour qu'ils modifient leur pratiques. Résultat: l'eau n'est pas traitée et le prix de l'eau est tout à fait concurrentiel.