Incendie dans l'Aude: "on était dans un paradis, maintenant on est dans un enfer"

Dans l'Aude, l'incendie qui a parcouru 17.000 hectares et tué une femme n'est toujours pas maîtrisé, et ne le sera pas avant ce dimanche soir, selon la direction du SDIS de l'Aude. "Le feu est fixé mais non maîtrisé", a rappelé samedi matin le colonel Christophe Magny, qui dirige les opérations.
Plus d'un millier de pompiers sont toujours mobilisés sur la massif des Corbières. Ce dimanche dans l'Aude, les fortes températures, le vent et le manque d'humidité vont rendre leur travail encore plus difficile. Ces conditions climatiques "extrêmes" vont mettre les pompiers "sous tension" pour protéger la zone du feu mais aussi l'ensemble du département, a déclaré devant la presse le commandant Michael Sabot, directeur départemental adjoint du Service d'incendies et de secours de l'Aude.
"On met en place des dispositifs (...) au plus près des massifs pour pouvoir réduire les délais d'intervention et pouvoir assurer une attaque efficace et rapide aéroterrestre pour pouvoir éviter d'avoir un deuxième feu catastrophique", a-t-il souligné, évoquant d'autres secteurs de l'Aude en risque très sévère.
"On est dans un enfer"
Les sinistrés, eux, ont pu retourner chez eux. Vigneron à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, Laurent a perdu 40% de son exploitation viticole. Et sur son domaine, la majeure partie des bâtiments ont, eux aussi, été ravagés par les flammes. Devant sa maison, des vignes à perte de vue:
"On était dans un paradis, maintenant on est dans un enfer", souffle-t-il.
Autour de sa propriété, au pied de la forêt, tout a brûlé. "Le feu est venu dans notre jardin, on a eu une dizaine de minutes pour réagir, tout s’est embrasé autour de nous", explique l'homme. Tout, c’est l’intégralité du domaine familial de ce vigneron: "ça c’était le chai de vinification, dans lequel il y avait des cuves. Il y avait un toit avec une charpente de plus de 200 ans en bois, qui était magnifique".
"Tout a brûlé, tout est tombé et il ne reste rien. On sent encore le brûlé même dans l'intérieur des habitations, c'est constant", raconte Laurent.
"On est au chômage technique"
Car au milieu de ce décor apocalyptique, seule la maison a résisté: "les pompiers ont mis notre pompe dans la piscine et ils ont arrosé l'extérieur de la maison de telle manière à ce qu'on puisse au moins sauver le domicile".
Résiliant, Laurent veut désormais penser à l’avenir. "Aujourd'hui, on est entre guillemets au chômage technique", dit-il. Mais, "dès que les experts seront passés on va s'atteler à nettoyer, on va trouver des solutions".
"La nature chaque année se renouvelle donc nous on fera pareil", conclut le vigneron.
Alors pour se reconstruire au plus vite et payer ses salariés, à qui il pense aussi, il espère que ses assureurs seront au rendez-vous et compte même sur un geste des pouvoirs publics.
Météo-France a placé l'Aude sous vigilance orange canicule tout le weekend, avec des températures prévues entre 38 et 40°C. En outre, la tramontane, un vent sec et chaud, reviendra en rafales jusqu'à 55 km/h sur les terres, en direction du littoral méditerranéen, recréant les conditions du départ de l'incendie. Le taux d'humidité sera également très bas, de l'ordre de 20%.