"J’ai tout perdu": frappés par le mildiou, les viticulteurs du bordelais regrettent l'absence d'indemnisation

Sauf désastre avant les vendanges, la production française de vin est attendue "au niveau de la moyenne" en 2023. La plupart des bassins viticoles ont résisté aux affres du climat et de la maladie, à l'exception du Bordelais, frappé par le mildiou.
En effet, les viticulteurs bordelais et du sud-ouest voient des partielles entières de leur récolte détruites et des assureurs qui n'indemniseront pas les dommages causés à leurs vignobles.
La faute à ce petit champignon ravageur, le mildiou. La météo de ces dernières semaines, oscillant entre du soleil et de la pluie, a particulièrement favorisé sa prolifération. Mais problème, il assèche le raisin qui ne peut plus donner de jus. Les plantations ne peuvent même pas être vendangées.
En Gironde, le champignon touche plus de 90 % du vignoble, où nombre de parcelles sont déjà condamnées à ne pas être vendangées, selon le syndicat agricole Modef. Il estime que l'Etat n'est pas à la hauteur de cette catastrophe. C'est une grande perte pour les exploitants qui espéraient pouvoir être indemnisés par les assureurs.
Sous les feuilles de vignes tachées de marrons, les grappes de raisins sont totalement desséchées. Le mildiou a envahi une partie de l'exploitation de Julien Luro, jeune viticulteur dans la région de Bordeaux.
“Il y a des parcelles où j’ai tout perdu, 100% sur cinq hectares de ma superficie. Donc ça, je ne ramasserai rien”, regrette-t-il.
Pas d'indemnisation de la part des assurances
L'exploitant chiffre ses pertes entre 80.000 et 100.000 euros soit un quart de son chiffre d'affaires. “Je suis un peu dégoûté, un peu écoeuré d’avoir travaillé pour au final me retrouver avec un trou à la fin. Je vais sûrement réduire un peu la voilure, ne pas faire d’investissement pour passer le cap”, assure-t-il.
Et comme les autres viticulteurs, il ne peut pas être indemnisé. Une situation anormale selon Jean-Marie Fabre, président du syndicat des vignerons indépendants de France. Le mildiou devrait être reconnu comme un risque climatique.
“Les maladies de la vigne ne sont pas incluses dans la couverture de l’assurance. Il y a des bassins viticoles ou parfois, 6 jours sur 7, il a plu de manière continue. L’aléa lié aux conditions météorologiques et notamment la pluviométrie est un facteur qui n’a pas permis aux viticulteurs de travailler correctement et de protéger sa culture”, appuie-t-il.
La fédération des assureurs rappelle que d'autres fonds existent pour faire face aux risques sanitaires comme c'est déjà le cas pour une autre maladie qui touche la vigne.