Les recours en justice face aux éoliennes bientôt limités à 10 mois: ce qui change

Réduire les procédures juridiques pour accélérer l'aboutissement ou non de la construction de nouveaux parcs éoliens. C'est ce que veut Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique, qui a annoncé une réduction des délais de contentieux pour l'installation des éoliennes.
"Chaque étape d'un recours contre un projet, éolien par exemple, devra tenir en 10 mois avant de passer à la phase suivante, qu'une décision ait été prise ou non", assure-t-elle au JDD.
Une bonne nouvelle pour Fabrice Cassin, avocat en droit de l'environnement et membre du conseil d'administration de France Énergie Eolienne. Cette décision pourrait permettre à la France de rattraper son retard en matière de parc éolien: "C'est une bonne décision du ministre qui va dans le bon sens et tire les conséquences des recours systématiques des opposants, quel que soit le projet".
"Environ 75% des autorisation délivrées par les préfets sont contestées et les cours administratives d'appels mettent 2 à 4 ans pour les juger et pour les valider à 90%. Cela va accélérer la mise en service des éoliennes puisque tant que l'autorisation n'est pas purgée de tout recours, on n'a pas les financements", explique Fabrice Cassin.
"Beaucoup trop court"
A contrario, selon Jean-Louis Butré, président de la Fédération environnement durable, qui fédère les associations anti-éoliennes et va au tribunal contre chaque nouveau projet, ce raccourcissement enlève des possibilités de se défendre.
"C'est beaucoup trop court. Dire 10 mois, ça ne veut rien dire face à la justice et des dossiers qui ne sont pas tous pareil. Face à une petite éolienne quelque part, en 10 mois, on peut peut-être le gérer. Mais face à un parc éolien de 50 machines, c'est un dossier géant, c'est parfois 4.000 pages et ça peut durer 2 ans", explique-t-il à RMC.
"Cela enlève à des associations qui ont peu de moyens des possibilités de se défendre. Imagine-t-on dire ça à une cour de justice?", interroge Jean-Louis Butré.