Crues et inondations: pourquoi l'artificialisation des sols est-elle un facteur aggravant?

"On doit se préparer, avec le changement climatique, à faire face à des risques et catastrophes de plus en plus souvent. Je pense que la prévention coûte moins cher que la réparation", a déclaré vendredi 18 octobre Michel Barnier depuis le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises.
Le Premier ministre a également affirmé que la France n'avait pas connu un "épisode cévenol d’une telle violence depuis 40 ans", alors que plusieurs régions du Sud-Est et Sud-Ouest ont fait face à d'importantes inondations depuis jeudi.
Ce samedi, plus qu'un seul département, la Gironde, est placée en vigilance orange pour crues. Passé le déluge et le déferlement des cours d'eau, les habitants touchés ne peuvent que constater les dégâts et attendre le résultat des expertises. Comme ici à Givors, dans le Rhône, où est RMC est allé à la rencontre de plusieurs sinistrés. "On est SDF", déplore l'un deux.
"L'eau n'a qu'un seul chemin où passer"
Des risques de crues et d'inondations qui risquent donc de s'accroître mais comment bien les prévenir et s'y préparer? Outre le changement climatique, plusieurs spécialistes prônent notamment la fin de l'artificialisation des sols aux abords des rivières et les zones inondables. La bétonisation des sols et les nouvelles constructions deviennent ainsi des facteurs aggravants.
"Plus on construit autour, plus on canalise les rivières, plus on bétonise, plus l'eau n'a qu'un seul chemin où passer", expose auprès de RMC l'hydrologue Laurie Caillouet. "Elle ne pas pouvoir aller à certains endroits et inonder un champ. Il y aura toujours dégâts mais ils seront moins importants", assure-t-elle.
Une réduction des risques qui se traduit par la nécessité de penser autrement l'urbanisation des villes et des campagnes. "Il ne faut pas construire", assure Amandine Richaud Crambes, ingénieure environnement et urbaniste. "On peut me rétorquer qu'il faut des logements mais c'est une question à laquelle il faut réfléchir. Il y a des rénovations" à faire "et des logements qui sont vides", souligne-t-elle.
"Il faut enlever des constructions et arrêter l'étalement urbain", prône Amandine Richaud Crambes, ingénieure environnement et urbaniste
Un changement de vision qui coûterait moins cher que les réparations, affirme cette experte. L'an dernier, 6,5 milliards ont été dépensés par les assureurs rien que pour les couvrir les sinistres liés aux inondations. Ce qui provoque une augmentation des cotisations des assurés.
Quelles démarches faut-il réaliser auprès de son assureur?
Justement, quelles sont les bonnes pratiques à adopter auprès de son assureur en cas de sinistre ? "Il faut le déclarer le plus rapidement possible. À partir du moment où on est dans une situation de catastrophe naturelle validée, le délai légal est de 10 jours", explique pour RMC Maurice Marra, délégué régional inspection indemnisation chez Allianz. "Il faut faire un inventaire le plus exhaustif possible et réunir, dans la mesure du possible, des factures des appareils électro-ménager ou prendre et conserver des photos."
Pannier-Runacher réclame davantage de moyens
La ministre de la Transition Agnès Pannier-Runacher a estimé jeudi soir que ces épisodes pluvieux "massifs" étaient "liés au dérèglement climatique" et en a profité pour réclamer, sur RMC-BFMTV, davantage de crédits pour son ministère.
"En matière budgétaire, sur l'adaptation au changement climatique et la lutte contre les gaz à effets de serre, le compte n'y est pas. Je veux travailler à avoir les moyens de mon action, je vais me battre pour ça. Si je ne les ai pas, j'en tirerai les conclusions", a-t-elle prévenue.
L'observatoire Copernicus lie lui aussi ces pluies exceptionnelles au changement climatique, affirmant que septembre 2024 avait été le 2e mois de septembre le plus chaud jamais enregistré. "Les précipitations extrêmes du mois dernier, que nous observons de plus en plus souvent, ont été aggravées par une atmosphère plus chaude", entraînant par endroits "des mois de pluies en quelques jours", déclarait ainsi début octobre Samantha Burgess, directrice adjointe du service changement climatique, citée par l'AFP.