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Cultures menacées par le retour du froid: "L’adaptation sera de temps en temps un renoncement"

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Avec le retour du froid cette semaine, des cultures sont menacées après avoir fleuri en avance à la sortie de l’hiver. Pour Jean-Marc Jancovici, ingénieur spécialiste de l'énergie et président de The Shift Project, le réchauffement climatique, avec plus de variations de température, provoquera des modifications.

Grosse inquiétude pour les viticulteurs et les arboriculteurs. Après l’apparition précoce de fleurs sur les arbres au début du printemps, le retour du froid cette semaine fait planer la menace d’un gel qui détruirait les fruits naissants. Mais ce ne sont pas ces faibles températures qui sont à l’origine du problème. Plutôt l’excès de chaleur quelques semaines plus tôt. "L’anomalie, ce sont plutôt les températures jusqu’à maintenant, explique Jean-Marc Jancovici, ingénieur spécialiste de l'énergie et président de The Shift Project, dans Apolline Matin ce lundi sur RMC. Les épisodes de gel au mois d’avril, et même au mois de mai, ce n’est pas rare historiquement. Jusqu’aux saints de glace, il est possible d’avoir des épisodes de gel. D’où le vieux proverbe: ‘En avril, ne te découvre pas d’un fil’."

"Depuis quelques années maintenant, il y a des températures très élevées en avril, ajoute-t-il. Du coup, la végétation débourre, les feuilles et les fleurs apparaissent plus précocement qu’avant. Et à l’occasion d’un épisode de gel qui devient plus rare mais qui peut toujours survenir en avril voire début mai, on peut avoir de gros dommages sur la végétation. Plus elle est avancée en floraison, plus les dommages peuvent être importants."

"On ne peut pas tout sauver"

Avec le réchauffement climatique, "les températures hivernales ont tendance à devenir plus douces" souligne Jean-Marc Jancovici. "Les jours de gel diminuent mais ils ne passent pas à zéro, rappelle-il. Ce n’est pas parce que le réchauffement climatique est là que l’hiver va devenir plus chaud que l’été. Le réchauffement climatique fait qu’il y a de plus en plus fréquemment des épisodes de canicule hivernale. On a battu des records de chaleur il n’y a pas longtemps. Mais ça n’empêche pas la survenue d’épisodes froids. Ils sont plus rares, mais il y en aura toujours."

Et selon Jean-Marc Jancovici, certaines cultures devront être abandonnées. "C’est une configuration désagréable pour les gens qui ont des cultures fruitières. Le climat va devenir de plus en plus variable, avec des conditions qui ne sont pas les conditions stables que nous avons connues pendant des siècles voire des milliers d’années. Et donc, là où on avait l’habitude de faire des abricots ou de la vigne, ça deviendra plus difficile. C’est malheureusement ça le changement climatique. Ça va être dû à une variation des températures et aussi des précipitations. On ne peut pas tout sauver. L’adaptation sera malheureusement de temps en temps un renoncement. Il y a des choses qu’on pouvait faire et qu’on ne pourra plus faire."

Avec un exemple, le maïs. "Si on n’a plus assez d’eau, on va devoir renoncer au maïs irrigué, prévient Jean-Marc Jancovici. Si on renonce à ce maïs, ça veut dire qu’on a moins de nourriture pour les animaux, et donc moins d’animaux à nourrir et produire."

LP