Inondations: "Avec le changement climatique, il faudrait découvrir la rivière"

Les communes du Sud-Ouest et Sud-Est touchées par les importantes inondations survenues jeudi et vendredi pansent leurs plaies. Place désormais au bilan et à l'évaluation des dégâts. Ce dimanche, plus qu'un seul département est placé en vigilance orange pour crues.
A Rive-de-Gier, dans la Loire, "la solidarité entre habitants fait chaud au coeur", confie ce samedi sur RMC le maire de la commune, Vincent Bony, qui "attend la reconnaissance de catastrophe naturelle". Si l'élu estime qu'il est "trop tôt évaluer les dégâts", celui-ci reconnaît des craintes à propos des "réseaux d'évaluation des eaux pluviales des réseaux souterrains".
Au moins "plusieurs dizaines de millions d'euros" de dégâts à Rive-de-Gier
"On a vu se former des geysers dans la ville à certains moments. Les réseaux n'ont pas supporté la pression énorme dans les tuyaux. Ça va être un coût conséquent de plusieurs de dizaines de millions d'euros, c'est bien certain", anticipe-t-il.
"On doit se préparer, avec le changement climatique, à faire face à des risques et catastrophes de plus en plus souvent. Je pense que la prévention coûte moins cher que la réparation", a déclaré vendredi le Premier ministre Michel Barnier.
Même son de cloche pour la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, qui a estimé jeudi soir que ces épisodes pluvieux "massifs" étaient "liés au dérèglement climatique".
Des experts prônent la fin de la bétonisation
Et pour faire face à ces dérèglements, certains experts prônent un changement de paradigme, notamment dans l'aménagement urbain, notamment la fin de l'artificialisation des sols aux abords des rivières et les zones inondables. La bétonisation des sols et les nouvelles constructions deviennent ainsi des facteurs aggravants.
"Un niveau jamais atteint d'imprévisibilité"
Un constat partagé par Vincent Bony, dont la commune avait déjà été touchée par une crue en 2008. "Un mauvais entretien de la voirie et de la rivière avaient créés des dégâts comparables". Le maire rappelle, toutefois, que pour l'épisode actuel, l'anticipation n'a pu avoir lieu, évoquant un "niveau jamais atteint d'imprévisibilité".
"Jeudi matin, Météo France annonçait 40 mm maximum de pluies. A 14h, on en avait déjà 120." Les vigilances rouges ont été émises par Météo France le jour-même, pour les départements concernés.
L'élu reconnaît donc la nécessité de repenser l'aménagement urbain, notamment en décanalisant la rivière. "Les anciens, avant la guerre de 1914, avaient voulu couvrir la rivière. On a fini en 1982, pour gagner de la place pour les voitures", rappelle-t-il. Aujourd'hui, "avec le changement climatique, il faut la découvrir", estime-t-il.
"Si on déconstruit, comment on reloge?"
Le maire de Rive-de-Gier le reconnaît toutefois, un tel chantier prendrait des dizaines d'années "et la nature va beaucoup plus vite que nous". Aussi, des questions se posent: "Si on déconstruit des maisons, comment on reloge les habitants, les services publics et les commerçants?"
"Plus on construit autour, plus on canalise les rivières, plus on bétonise, plus l'eau n'a qu'un seul chemin où passer", exposait hier auprès de RMC l'hydrologue Laurie Caillouet. "Elle ne pas pouvoir aller à certains endroits et inonder un champ. Il y aura toujours dégâts mais ils seront moins importants."