"Irrespirable, comme à Dubaï": ces Français qui déménagent pour échapper au changement climatique

Canicules, inondations, incendies ou tempêtes… Trois Français sur dix envisagent de changer de commune dans les années à venir pour échapper aux conséquences du dérèglement climatique, selon une enquête menée par l’institut Odoxa pour le média local ICI.
Maxime, employé ferroviaire, fait partie de ceux qui ont pris leur décision. "Dans le Gard, on a pas mal d’inondations, de feux, de canicules… Un peu tout qui nous tombe dessus. On a décidé qu’à la fin de l’année scolaire, on quitte tout et on part dans les terres. On n’a pas vraiment de lieu défini : peut-être la Gironde, le Tarn, ou même Lille, d'où est originaire ma femme", raconte-t-il ce vendredi sur RMC.
Ce père de famille explique que la chaleur est devenue invivable : "Même si on a installé la clim il y a quatre ans, on vit toujours volets fermés. Avec les enfants, on ne peut plus faire de vélo, il faut éviter les heures chaudes. Notre première fille a 5 ans, et on souffre tous." Le prix de l’immobilier, qui "flambe", est aussi un facteur évoqué par Maxime dans les raisons qui motivent son départ.
"C’était insupportable, irrespirable"
Le témoignage d’Igor, travailleur du BTP, va dans le même sens. Après plusieurs années en Espagne, à proximité de Valence, il a fait le choix de revenir en France. "À partir de 2022, je me suis dit qu’il fallait que je change de vie : à l’ombre, il faisait entre 42 et 45 degrés. J’avais un appartement avec vue sur mer, à 50 mètres de la plage, mais l’eau était très chaude, c’était insupportable, irrespirable. On vivait sous climatisation en permanence, même dans la voiture. C’était comme à Dubaï : on ne vivait plus", se souvient-il.
En 2024, vend son appartement et s'installe en Bretagne, à Plévin, dans les Côtes-d’Armor. "On nous a dit d’essayer le centre Bretagne, qu’il y a un microclimat. Ici, on respire, la nature est verte, c’est agréable. J’adore : c’est une vraie douceur de vie", confie-t-il dans Estelle Midi.
La Bretagne et la Normandie plébiscitées
Ces choix individuels reflètent une tendance nationale. Toujours selon l’enquête ICI–Odoxa, 28 % des Français déclarent qu’ils pourraient déménager pour habiter dans une commune moins exposée aux risques climatiques. Parmi eux, 12 % envisagent même de changer de région. Et les destinations privilégiées sont claires : la Bretagne arrive en tête (37 %), suivie par la Normandie (14 %).
L’étude rappelle par ailleurs que neuf Français sur dix reconnaissent la réalité du dérèglement climatique, et que seuls 8 % estiment qu’il n’est pas lié aux activités humaines. Si 52 % des citoyens pensent qu’il est encore possible d’éviter le pire, plus d’un tiers (35 %) considèrent déjà qu’il est trop tard — une résignation qui atteint 38 % en Bretagne.
Les chiffres officiels confirment la vulnérabilité des territoires : selon le ministère de la Transition écologique, deux tiers des communes françaises sont exposées à au moins un risque naturel et un Français sur quatre vit aujourd’hui dans une zone sujette aux inondations.