Les Etats-Unis officialisent leur sortie de l'accord de Paris sur le climat: qu'est-ce que ça change?

La lettre était attendue depuis 2017 mais ne pouvait être envoyée pour des raisons juridiques jusqu'à lundi: les Etats-Unis de Donald Trump ont notifié les Nations unies de leur intention de se retirer de l'accord de Paris sur le climat, confirmant le déni climatique américain.
"Aujourd'hui, les Etats-Unis entament le processus de retrait de l'accord de Paris. Conformément aux termes de l'accord, les Etats-Unis ont soumis une notification formelle de leur retrait aux Nations unies. Le retrait sera effectif un an après la notification", a déclaré le chef de la diplomatie Mike Pompeo dans un communiqué.
La France a déclaré mardi "regretter" ce retrait et d'affirmer que "cela rend encore plus nécessaire le partenariat franco-chinois sur le climat et la biodiversité", a indiqué la présidence française alors qu'Emmanuel Macron entamait mardi à Shanghai la deuxième journée d'une visite en Chine.
Les Etats-Unis sont le seul pays à se désengager de ce texte signé par 197 pays, jusqu'à la Corée du Nord.
"Accord injuste pour les Etats-Unis"
Dans les faits, le retrait américain ne change donc rien immédiatement, mais il est très symbolique, même si peu doutaient que la Maison Banche confirmerait cette étape. La raison officielle du retrait est que Washington considère l'accord injuste pour les Etats-Unis, bien que la philosophie du texte soit que les pays fixent librement leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le but alors annoncé par Barack Obama était d'ailleurs moins ambitieux que d'autres pays. Dans son communiqué, Mike Pompeo a invoqué "le fardeau économique injuste imposé aux travailleurs, entreprises et contribuables américains".
Donald Trump pourra faire valoir à ses électeurs qu'il a tenu sa promesse. Mais l'opposition démocrate, les ONG et les experts se sont offusqués de l'égoïsme du deuxième émetteur mondial, alors que la Chine reste engagée dans le processus. Le parti démocrate a dénoncé une "insulte à l'humanité".
"J'ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris"
"L'heure est venue de quitter l'accord de Paris", avait déclaré le 1er juin 2017 le président républicain, qui avait ajouté: "J'ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris."
Depuis cette déclaration, en réalité, les Américains continuaient à occuper leur siège, discrètement, pour influencer les discussions techniques autour de l'application concrète de l'accord, dans le cas où, un jour, Washington le réintégrerait. Selon le texte négocié fin 2015 par Barack Obama, aucun pays ne pouvait sortir avant le troisième anniversaire de son entrée en vigueur, le 4 novembre 2016. C'est-à-dire lundi.
La décision américaine n'a pas créé l'effet domino que certains craignaient dans des pays comme l'Australie et le Brésil. Elle a même galvanisé de multiples acteurs, renforcés par la mobilisation des jeunes pour le climat observée depuis l'an dernier.
Mais le résultat de l'élection de 2020 pourrait être plus déterminant. Le départ des Etats-Unis n'aura lieu au plus tôt que le 4 novembre 2020, le lendemain de la prochaine élection présidentielle aux Etats-Unis, à l'occasion de laquelle Donald Trump briguera un second mandat. Tous les adversaires démocrates potentiels de Donald Trump se sont engagés à revenir dans l'accord, ce qu'ils pourront faire à leur éventuelle prise de fonction, le 20 janvier 2021.