Municipales 2020: comment les maires de zones rurales tentent d'attirer de nouveaux agriculteurs

REPORTAGE RMC - Aux abords du Mont Lozère, certaines municipalités tentent de proposer des fermes clés en mains pour attirer de nouveaux éleveurs et remplacer ceux qui partent à la retraite. Une question de survie des pour ces petites communes.

En Lozère, les agriculteurs disparaissent peu à peu. A Prévenchères, maintenir une activité agricole sur le territoire de la commune est capital pour le maire. Il s'est donc lancé un défi: attirer un éleveur de brebis pour remplacer un agriculteur qui part à la retraite.

63 ans que cet éleveur de brebis vit là, accroché sur sa montagne, au milieu des landes et des bruyères. Jean-Marie avait repris l'exploitation familiale, mais dans quelques mois, il videra ses bergeries.

"Il y a un temps pour tout. je ne vais pas faire ça jusqu'à 80 ans. C'est pour ça que je diminue petit à petit. S'il n'y a pas de repreneur quand je partirai à la retraite, qu'est ce que je vais faire ? Je dois faire tuer 150 brebis ?"

"Tout brûlerait, il suffirait de craquer une allumette. C'est très dangereux"

Dans ce hameau niché au milieu du Mont Lozère, l'activité agricole est essentielle. Maurice, propriétaire de 13 hectares ne peut pas entretenir seul ses terres.

"Il faut déjà des agriculteurs, de la main d'oeuvre, et des bêtes, sinon ce serait la pampa. On a des étés secs. Tout brûlerait, il suffirait de craquer une allumette. C'est très dangereux. Là, l'herbe est mangée, il n'y a pas de broussaille... Le risque est quand même limité."

Pour attirer de nouveaux éleveurs, la municipalité propose une ferme clé en mains avec les terres de pâturage, aujourd'hui morcelées entre différents propriétaires. Elles seront réunies à travers une association et louées.

Mais aussi le presbytère, rénové, qui servira de logement. Et un bâtiment, tout neuf, qui abritera les bêtes.

"80% du coût d'investissement de cette bergerie sera pris en charge par la région, l'Etat. Et la commune assurera 20% du montant de la construction. Et les loyers qui seront proposés financeront en grande partie le coût de remboursement annuel de cet emprunt."

"Ca ne peut pas être un village qu'on ouvre l'été et qu'on ferme à la Toussaint"

Ce projet représente un investissement de 500.000 euros. Mais pour ce maire, le maintien l'agriculture est capital pour une commune comme Prévenchères.

"C'est la vie, ce sont des jeunes, des enfants à l'école, ce sont des gens que l'on retrouve dans les associations. C'est l'accueil de gens qui viennent vivre, travailler et gagner leur vie sur le territoire. Si on pose l'alternative, il n'y a plus personne. Ca ne peut pas être un village qu'on ouvre l'été et qu'on ferme à la Toussaint."

Ce type de dispositif se multiplie sur le Mont Lozère. Et il fonctionne. René Causse, maire de la commune voisine, vient d'accueillir un nouvel agriculteur.

"On a trouvé un repreneur. pour nous, les maires, c'est une réussite. C'est un jeune qui s'est installé, son épouse est infirmière, ils ont eu un enfant... On est heureux. C'est pour ça que j'incite mes collègues, les maires, les présidents de communautés de communes, à proposer des projets de ce type."

La municipalité de Prévenchères espère que ce futur éleveur sera installé à l'horizon 2022.

Municipales 2020: Itinérance du Loiret à la Lozère

Dernière semaine avant le premier tour des élections municipales ce dimanche... A 4h40, 6h40 et 8h, jusqu'au premier tour du scrutin, nos reporters sillonnent la France pour vous faire vivre ces élections, aller à votre rencontre et à la rencontre des maires. Cette semaine Caroline Philippe et Margaux Bédé traversent notre pays, du département du Loiret jusqu'à celui de la Lozère... au coeur des territoires ruraux.

Etape 1 : Germiny-des-Près (Loiret)

Etape 2: Le Vigan (Lot)

Etape 3: Sauxillanges (Puy-de-Dôme)

Etape 4: Argences-en-Aubrac (Aveyron)

Etape 5: Prévenchères (Lozère)

Caroline Philippe et Margaux Bédé (avec J.A.)