Pesticides "néonicotinoïdes" tueurs d'abeilles: le Sénat va-t-il revenir en arrière sur l'acétamipride?

Une proposition de loi concernant l'utilisation de l'acétamipride, un néonicotinoïde, est examinée au Sénat, lundi et mardi. Il s'agit d'un pesticide interdit en France depuis 2018 pour sa toxicité pour les pollinisateurs, mais toujours utilisé en Allemagne, en Italie, en Pologne ou en Croatie. Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (Union centriste), les deux auteurs de ce texte, souhaitent aligner la législation française sur le droit européen pour réautoriser l'autorisation de l'acétamipride.
C'est une victoire pour les syndicats agricoles majoritaires, la FNSEA, les Jeunes agriculteurs et la Coordination rurale, qui réclament depuis longtemps cet alignement. Cet insecticide permet de de lutter contre les piqueurs-suceurs, comme les pucerons par exemple, qui peuvent avoir des conséquences néfastes sur les cultures.
"C'est vraiment une loi qui vise à lutter contre des sur-transpositions franco-françaises qui fragilisent des pans entiers de notre agriculture et la plus emblématique d'entre elles, c'est la noisette qui est en train de disparaître", argumente Franck Menonville, l'un des auteurs de la proposition de loi.
La réintroduction de ce pesticide pourrait donc permettre de sauver cette fillière selon le senateur, qui souhaite autoriser son usage dans les cultures les plus fragilisées, comme également celle de la bettrave ou de la carotte. Les professionnels de ces filières assurent que leur production a baissé ces dernières années.
Un produit néfaste pour la biodiversité selon les associations écologistes
L'utilisation de l'acétamipride serait donc ciblée et encadrée, mais aussi temporaire. Le temps de trouver une solution alternative, moins néfaste pour l'environnement. Mais pour les associations écologistes, il ne faut surtout pas que cette loi soit promulguée. Ce serait "un véritable retour en arrière" selon Charlotte Labauge, de l'association Pollinis:
"Ces insecticides participent en fait à l'effondrement des abeilles et des pollinisateurs. Pour nous, c'est très important de maintenir cet acquis. C'est indispensable pour protéger l'environnement et la biodiversité."
"Les néonicotinoïdes sont des substances qui sont toxiques et pour l'acétamipride, il y a de nombreuses études qui documentent ses effets directes ou indirectes sur la biodiversité. Nous, on demande une homogénéisation par le haut et non par le bas de ces standards de protection de l'environnement", alerte également Charlotte Labauge.
Dans un rapport sur la toxicité de l'acétamipride, publié le 15 mai 2024, l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) avait prévenu la Commission européenne des potentiels dangers de cette substance, invitant à davantage de précaution, en proposant notamment de diviser par cinq les doses journalières admissibles autorisées.