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Peut-on être écolo et prendre l’avion? "Il y a deux problèmes majeurs" selon Léa Falco

Peut-on encore prendre l'avion en se disant écolo? C'est le débat qui anime les "Grandes Gueules" ce mardi sur RMC et RMC Story, alors que si voyager en avion est moins polluant par passager, le volume des émissions de Co2 a lui augmenté.

Le mouvement est parti des pays scandinaves. Le "flight shame" entend faire honte à ceux qui prennent l’avion sur de courtes périodes ou pour des petits trajets. En France, la Convention citoyenne pour le climat avait proposé un seuil de 4 heures. L'idée était de rendre impossible un vol intérieur si un train permettait de faire le même trajet en 4h. Les députés avaient entendu la revendication mais apporté une modification de taille en abaissant ce seuil à 2h30.

Peut-on encore prendre l’avion et se dire écolo alors que ce moyen de transport pollue 45 fois plus que le train? Pas vraiment, croit-on sur le plateau des "Grandes Gueules" ce mardi sur RMC et RMC Story.

"Il y a deux problèmes majeurs avec l'aviation. D'une part, l'augmentation du trafic et d'autre part, les technologies pour décarboner l'aviation qui ne sont pas matures", explique Léa Falco, membre du collectif étudiant "Pour un réveil écologique". Car si les émissions par passager sont descendues, le trafic augmente de 3,5% par an selon l’Organisation de l'aviation civiles internationale. En volume, les émissions de Co2 ont donc augmenté.

"Avant, une caravelle transportait 100 passagers et consommait 4.000 litres à l'heure de vol. Un A350 aujourd'hui en transporte 450 avec une consommation de 7.000 litres. On ne peut pas dire que c'est une industrie qui n'a rien fait", tempère Laurent Magnin, ancien PDG de XL Airways.

Comment décarboner l'aviation?

Si des efforts ont été faits, rien ne permet pour l’instant de décarboner l’aviation. "L’agence internationale de l’énergie dit qu’il n’y a pas de technologie mature pour l’aviation", poursuit Léa Falco, qui évoque quatre technologies en cours de développement mais qui ne sauveront pas le milieu.

"Il y a l’électrique, qui concerne des avions à deux places. Il y a l’hydrogène, Airbus disait vouloir sortir un avion en 2035 et évoque maintenant plutôt 2050. Il y a les biocarburants mais on sait qu’on n’aura pas assez de biocarburants pour faire de l’aviation et d’autres secteurs. Enfin, on a l’e-kerosène, qui ne fonctionne qu’une seule fois. Ces quatre grandes technologies ne sont pas viables", explique Léa Falco.

Alors l'aviation est-elle condamnée à rester clouée au sol sur les petits trajets? Peut-être, ce qui est bien dommage pour l'Europe selon Laurent Magnin. "Le transport aérien a permis des désenclavements énormes et a fait l'Europe. Quand j'avais 20 ans, les Paris-Rome et Paris-Barcelone d'Air France coûtaient entre 2.000 et 4.000 francs. On a un bouleversement qui a permis de faire l'Europe et permettre à toute une génération de voir de Espagnols, des Allemands, des Italiens ou des Grecs", raconte-t-il.

G.D.