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Pour un référendum sur le nucléaire

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi.

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi. - -

Quatre des principales figures de l’écologie française – Daniel Cohn-Bendit, Nicolas Hulot, Eva Joly et José Bové – réclament un référendum sur la question de l’énergie nucléaire en France. Mais l’avenir du nucléaire doit-il être tranché par les Français ?

Oui, l’avenir du nucléaire doit être tranché par les Français. Car, compte tenu de l’état de division de l’opinion sur la question nucléaire, c’est la meilleure solution. L’accident de Fukushima a tout remis en cause. Là où il y avait un consensus mou, une sorte d’acceptation-résignation majoritaire envers une énergie qui a toujours paru un peu inquiétante et mystérieuse, il y a aujourd’hui de l’angoisse et énormément d’interrogations. Ce que disent les quatre leaders écologistes qui signent cette tribune, c’est qu’il doit revenir aux citoyens de choisir le niveau de risque qu’ils sont prêts à accepter. Eh bien ça me paraît tout à fait légitime. Et dans ces conditions, il n’y a pas mieux qu’un référendum.

Si c’est un sujet essentiel, est-ce qu’il ne pourrait pas être discuté durant la campagne présidentielle ?

Il le sera de toute façon. Mais il ne serait pas raisonnable que la présidentielle puisse se jouer entièrement sur la question du nucléaire. Or si les écologistes et le PS ne s’entendent pas sur l’arrêt des réacteurs et l’abandon de la filière, on peut imaginer qu’ils ne passent pas d’accord entre les deux tours – et ça suffirait à priver le candidat de gauche de toute chance de l’emporter. Ça, ce ne serait pas logique. Parce que ça empêcherait les autres débats d’avoir lieu : sur la fiscalité, l’éducation, la sécurité, les services publics… Ce qui est intéressant dans l’article du Monde, c’est que les quatre signataires proposent la solution : ils demandent que le PS s’engage – non pas à sortir du nucléaire, mais à organiser un référendum. Ça, c’est habile, c’est utile ; et à mon avis, efficace. D’ailleurs, ils devraient le demander à la droite aussi !

On dit souvent que la principale difficulté pour organiser un référendum, c’est la formulation de la question. Comment est-ce qu’on devrait interroger les Français sur ce sujet ?

Très simplement – c’est un sujet qui le permet, et c’est justement l’un des arguments qui plaident pour cette solution. Les auteurs de l’article suggèrent : « Voulez-vous renouveler le parc nucléaire par la prolongation ou la construction de centrales ? ». C’est un peu ambigu. Je préfèrerais une formulation comme : « Etes-vous favorable à l’abandon progressif de l’énergie nucléaire en France ? » Si le oui l’emporte, ce sera au gouvernement, appuyé par des experts, de fixer un calendrier. Mais au moins, le principe sera acté. Et toute la politique en matière d’énergie sera reconfigurée à partir de cet objectif.

Les adversaires du référendum estiment qu’il nécessiterait un débat trop technique. Est-ce que ce n’est pas un argument qu’il faut prendre en compte ?

Les citoyens n’ont pas besoin de se changer en physiciens ni d’enfiler une blouse blanche pour comprendre. Au demeurant, le principe du suffrage universel, c’est que chacun vote comme il veut sur les critères qu’il choisit. Et en 2005, on nous a interrogés sur un projet de constitution européenne qui était épais comme un annuaire et globalement incompréhensible sauf pour un agrégé de droit public ! Ce sera infiniment plus simple sur le nucléaire.

Ecoutez «le parti pris» de ce vendredi 13 mai avec Hervé Gattegno et Jean-Jacques Bourdin sur RMC:

Hervé Gattegno