Sécheresse: d’exceptionnelles restrictions d’eau à venir au mois de mars
Des restrictions d'eau dès le mois de mars, une grande première. Avec 32 jours sans véritable pluie sur le sol français, qu'il n'a pas plu, l’Hexagone est en état d'alerte sécheresse à cause d’un hiver drastiquement sec, le plus aride depuis 1959.
Selon le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, il y a deux mois de retard de remplissage des nappes phréatiques en France. En tout, 34 départements ont des niveaux des nappes phréatiques considérés comme étant à des niveaux très bas.
En ce sens, ce jeudi matin, le ministre organise d’ailleurs une réunion avec le Comité d’anticipation et de suivi hydrologique (CASH) pour faire un état des lieux avec les agences de l'eau. Ensuite, lundi prochain, Christophe Béchu doit réunir des préfets pour prendre des mesures de restrictions légères, dès le mois de mars donc, pour éviter de se retrouver dans une situation catastrophique d'arbitrage à l'approche de l'été.
Un été qui risque, lui aussi, d’être très sec comme l’a dit le ministre. Sa prévision est partagée par l’hydrologue Vazken Andréassian, qui pense par ailleurs qu’il n’y a “rien d’autre à faire que de réduire les utilisations”.
“Pour ces nappes, ça serait compliqué d’avoir une nouvelle année sèche après 2022, et on devra prendre des mesures de restrictions plus importantes”, assure-t-il, alors que trois quarts des nappes phréatiques françaises sont considérées comme étant en déficit d’eau.
Encore un espoir avant le printemps
Si la danse de la pluie ne semble pas fonctionner selon Vazken Andréassian, alors il faudra s’en remettre à l’espoir d’un mois de mars très humide pour rattraper le retard hivernal. S’il pleut d’ici cette période dans des conditions suffisantes, alors la tendance peut encore s’inverser, comme le rappelle Serge Zaka.
“De novembre à fin mars, c’est ce qu’on appelle la période de recharge. C’est à ces moments-là que les végétaux n’ont pas de feuilles, donc lorsque l’eau tombe sur un sol, elle va s’y infiltrer, recharger ce sol et donc les nappes. S’il ne pleut pas pendant ce mois de mars qui reste, on va avoir des problématiques d’eau qui pourraient arriver dès le milieu du printemps, un peu comme ce que l’on a observé en 2022”, observe le climatologue Serge Zaka.
Un "grand plan" sur l'eau sera présenté "d'ici quelques jours", avec "une cinquantaine de mesures" a précisé le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu. Il pourrait notamment être question de récupérer les eaux usées qui sortent des stations d'épuration pour irriguer les champs.
En attendant, la grogne monte aussi chez certains professionnels de la terre. Dans les Landes, un millier d'agriculteurs ont par exemple manifesté préventivement pour défendre leurs quotas de prélèvement, et ont milité pour la construction d'ouvrages permettant de stocker l'eau.