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Si on commence à chauffer des serres, on perd les grands principes du Bio

Selon plusieurs associations d'agriculture ainsi que des maraîchers, avoir recours à des serres chauffées est un non-sens écologique.

La Fédération d'agriculture biologique, le syndicat des entreprises bio et 3 associations environnementales lancent une pétition nationale contre l'utilisation de serres chauffées dans l'agriculture biologique. Les serres chauffées en bio couvrent pour l'instant 50 hectares en France, à peine 0,2% des quelque 24 000 hectares de cultures de légumes bio. Mais il y a plusieurs projets : une soixantaine d'ha de bio sous serres chauffées sont en projet en Bretagne, une quarantaine dans les Pays de la Loire. 

La FNAB et le Synabio avaient demandé l'interdiction de cette pratique en bio il y a un an, dès juin 2018. Rien n'interdis explicitement d'utiliser de l'énergie fossile pour faire pousser des fruits et légumes bio.

Un texte dans ce sens devait être soumis au vote en décembre, mais il a été reporté à avril, et finalement au 11 juillet prochain. Le Comité national d'agriculture biologique se réunira à cette date afin d'acter ou non l'interdiction de la production des fruits et légumes biologiques à contre saison.

En France, l’utilisation de serres pour cultiver fruits et légumes est courante. À une quarantaine de kilomètres de Paris, la ferme et la coopérative de Cossigny ont le label Bio depuis 1977. Ils cultivent une centaine de fruits et légumes différents. Fraises, tomates, courges, cèleris... Des produits que Frédéric Frings et son père font pousser en champs... mais aussi sous 4000m2 de serres.

"La culture sous serres permet de protéger les plantes des intempéries et aussi, par effet de réchauffement de hâter la production des légumes. Et de pouvoir faire des légumes un peu plus tôt que si on voulait les faire en plein champs", plaide le maraîcher. 

Respect d'une saisonnalité des produits

Rien à voir toutefois avec les serres chauffées, dans lesquelles on augmente artificiellement la température même sans soleil pour que les fruits et légumes poussent toute l'année. 

"Si on chauffe une serre pour avoir une température d’été alors qu’on est en hivers, la tomate ne va pas avoir assez de lumière. Elle va tomber malade, on va être obligé de la protéger de la maladie. Une tomate qui pousse à la mauvaise saison, ça va être une tomate un peu insipide", poursuit-il. 

Bien loin des valeurs de l'agriculture biologique. "Sans les grands principes de la Bio, on dit qu’il faut respecter la saisonnalité des produits, pour le goût des produits, pour la préservation de l’environnement et les économies d’énergie qui vont avec. Si on commence à chauffer des serres, on perd tout ça", conclue-t-il.

80% des serres chauffées en France le sont aujourd'hui par des énergies fossiles.

Anaïs Bouitcha avec Guillaume Descours