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Scolarisation des moins de 3 ans: "Il a un vocabulaire beaucoup plus riche", se réjouit une mère de famille

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REPORTAGE - Alors que pour Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education, les classes de "très petite sections" sont un véritable levier pour la scolarisation des élèves sur le long terme, RMC s'est rendue dans une de ces classes qui accueille les enfants de moins de trois ans.

"Je ferai en sorte que les enfants de moins de trois ans puissent être accueillis en maternelle". Ces mots datent de 2012. Ce sont de François Hollande correspondant à sa promesse numéro 37 lorsqu'il était candidat à l'élection présidentielle. Cette préscolarisation dans les REP (Réseaux de l'éducation prioritaire, ex-ZEP) est un objectif important pour le gouvernement. Tel est le message martelé ce lundi par Najat Vallaud-Belkacem et Laurence Rossignol, ministres de l'Education et de la Famille.

"Un des leviers pour que les enfants progressent"

Entre le début du quinquennat et la rentrée 2015, 25.000 nouvelles places pour scolariser des enfants de moins de trois ans ont été créées, d'après le ministère de l'Education nationale. Pour l'occasion, RMC s'est rendue à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), à l'école maternelle Les Perrières où une très petite section a récemment été lancée en début d'année. Et pour Laure, l'une des enseignantes, cette classe est essentielle.

"Cela permet aux enfants de savoir travailler avec les autres, savoir être autonome dans leurs déplacements, leurs activités, mener une tâche du début à la fin…", estime-t-elle avant d'ajouter: "On voit bien qu'il y a plus d'élèves en échec scolaire dans les milieux défavorisés que dans ceux dits 'traditionnels'. Je pense donc que la toute petite section sera un des leviers pour que les enfants progressent". Des progrès que Zineb, maman du petit Wael, trois ans, a déjà pu observer depuis le mois de septembre.

"Oui, c'est nécessaire"

"Il a un vocabulaire beaucoup plus riche. Il fait des phrases construites, est curieux de tout ce qui l'entoure, assure-t-elle. Quand on fait des sorties, il pose beaucoup plus de questions qu'il ne le faisait auparavant. Et c'est quelque chose qu'il a acquis". Cette mère de famille espère donc que de nouvelles classes pourront être ouvertes, surtout dans les quartiers populaires comme le sien. "Ce sont des enfants issus de milieux défavorables, dont les parents ne parlent pas forcément français. Par exemple, je suis certaine qu'il y a des enfants qui n'avaient jamais ouvert un livre avec leur maman ou leur papa. Donc oui c'est nécessaire".

A la rentrée prochaine, 25 nouvelles classes de très petite section vont normalement ouvrir en Seine-Saint-Denis. Mais ce n'est pas suffisant, regrette Rodrigo Arenas Munoz, président de la FCPE 93: "A l'échelle du département et compte tenu de la réalité sociologique de celui-ci, 25 classes c'est en-dessous des besoins". L'Association de parents d'élèves se demande également si les budgets alloués à l'ouverture de ces classes seront suffisants et adaptés.

Quelques chiffres

C'était l'une des principales mesures du plan pour la "refondation de l'éducation prioritaire", proposé par Vincent Peillon en 2014 : développer l'accueil des moins de 3 ans au sein de "TPS", très petites sections. En 2013, le Ministère de l'Education nationale annonçait son objectif de scolariser 30% des moins de 3 ans dans les milieux défavorisés avant 2017. Qu'en est-il?

- En France, en 2014, près de 12% des enfants de 2 à 3 ans étaient scolarisés en maternelle.

- 25 nouvelles classes de "très petites sections" vont êtes ouvertes dans le 93 à la rentrée prochaine

- Alors que le taux de préscolarisation avait été divisé par trois entre 2001 et 2012, il a augmenté depuis 2012 et s’élève désormais à 11,7 %. Il atteint 20,6% en éducation prioritaire, d'après le ministère de l'Éducation Nationale.

- Près de 1 000 postes d’enseignants ont été créés pour permettre la scolarisation des plus jeunes.

Maxime Ricard avec Marie Monier