Sécheresse: "Il a fallu commencer à entamer les stocks de fourrage prévus pour l'hiver"

- - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
Le mois de juillet 2015 a battu des records. Marqué par deux vagues de chaleur, de nombreux records de températures et un manque de pluie, il aura été le troisième mois de juillet le plus chaud depuis 1900, a fait savoir vendredi Météo France. Conséquence: une vague de sécheresse touche actuellement de plein fouet plusieurs départements français notamment, en Ardèche, où aucune goutte de pluie n'est tombée depuis le mois de juin.
"Il y a un mois, il y avait encore de l'eau"
Résultat: plusieurs cours d'eau sont déjà à sec, le niveau des nappes phréatiques est critique et les agriculteurs ne peuvent plus faire pâturer leurs animaux. Et cela ne devrait pas aller en s'améliorant puisque seules de très rares averses sont prévues dans les 15 prochains jours. RMC a rencontré des agriculteurs à Lamastre, dans le bassin du Doux, où la situation inquiète de plus en plus les pêcheurs mais aussi les agriculteurs.
Il faut dire que c'est la première fois que Christian Rouveure, président de la fédération de la pêche de la Vallée du Doux, voit ça: le ruisseau de la Sumène est à sec. Lui qui a l’habitude d’y pêcher la truite, aujourd’hui c’est à pied qu’il peut la traverser. "Pourtant, il y a un mois, il y avait encore de l'eau qui coulait", souligne-t-il.
"Il faut trouver un compromis"
A quelques mètres, le Doux, lui, a encore un faible débit d’eau. Mais son niveau est presque un mètre en dessous de la normale. C'est pourquoi les pêcheurs sont très inquiets pour les poissons: "Quand vous avez une température d'eau à 25-26°C, les poissons n'aiment pas ça. Ils en meurent. Dès lors, les prédateurs comme les serpents viennent", déplore Christian Rouveure.
Et même si c'est l’absence de pluie, la grande responsable de cette sécheresse, il considère aussi que tout le monde ne respecte pas l'arrêté préfectoral: "Je comprends bien que les agriculteurs ont besoin de ça pour vivre. Pareil pour le tourisme. Mais il faut trouver un compromis". Pourtant, les agriculteurs subissent aussi la sécheresse comme l'assure Dominique Rochedy, éleveur de chèvres et de vaches sur la commune de Lamastre. "Il a fallu commencer à entamer les stocks de fourrage prévus pour l'hiver alors que normalement on ne le fait qu'à partir d'octobre", certifie-t-il.
"Des conséquences financières importantes"
"Au niveau des vaches, dans les parcs, il y a beaucoup d'endroits où il n'y a pas d'eau donc il faut charrier de l'eau, poursuit-il. La tonne à eau, on la remplit chez nous, au réseau. Ça veut dire qu'on paye l'eau et qu'on l'emmène ensuite dans les champs pour faire boire les animaux". A quelques kilomètres de là, sur le plateau d’Arlebosc, la couleur jaune domine dans les pâtures. Yoann Palisse élève des chèvres qu'il nourrit, entre autres, au maïs.
Mais cette année, il est tout sec et va donc devoir en acheter. Tout ça, car il n'a pas pu pomper suffisamment l'eau de la rivière. "On nous interdit de pomper dans la rivière or il y a des conséquences financières importantes derrière, à savoir notre bénéfice", s'insurge-t-il. Et le manque à gagner pour cet éleveur est énorme : rien que pour ses maïs, il a perdu plus de 4 000 euros en arrêtant de les irriguer avec l'eau de la rivière.