Sextorsion ou chantage sur internet: "c'est un business"

Se dévêtir par webcam interposée, ce n'est pas un tabou. "Avec la proximité des smartphones, les gens se méfient beaucoup moins", note le colonel Nicolas Duvinage, directeur du centre de lutte contre les criminalités numériques de la gendarmerie nationale. Mais le risque, c'est d'être victime de "sextorsion" ou chantage via internet.
Et le nombre de victimes augmente chaque année: Nicolas Duvinage estime le nombre de plaintes entre 500 et 800 par an. Un chiffre "à multiplier par deux ou par trois si on prend en compte les plaintes en zone police".
"Les hommes vont généralement sur des sites de rencontre pour des rencontres rapides et se mettent très rapidement à se dénuder devant leur webcam. Une fois que les images sont dans la boite, on leur demande de l'argent", détaille Nicolas Duvinage.
Les femmes sont aussi victimes de ce chantage mais cela prend plus de temps: "elles sont généralement plus jeunes -entre 15 et 25 ans- et elles doivent être dans une relation de confiance".
"Il y a ensuite une menace de diffusion des images, à l'entourage professionnel ou personnel. C'est un chantage à la réputation de la personne. C'est un business", explique-t-il. Un business qui peut coûter cher puisqu'il est passible de 2 ans à 3 d'emprisonnement et de 30 000 à 45 000 € d'amende.
"On ne se montre pas tout nu à n'importe qui"
Et pour débusquer les maîtres chanteurs, la gendarmerie effectue une enquête classique qui peut les mener loin: "ce type d'enquête nécessite aussi une coopération internationale puisqu'une grande partie des auteurs de ces faits sont installés en Afrique du Nord ou en Afrique de l'Ouest".
Alors comment ne pas se faire piéger? "Avant toute chose, il ne faut pas se dévêtir dans n'importe quelles conditions, tout comme on ne se balade pas tout nu dans la rue. On ne se montre pas tout nu devant sa webcam devant n'importe qui", rappelle Nicolas Duvinage.
Et si c'est trop tard, "il ne faut pas hésiter à venir porter plainte dans une brigade de gendarmerie ou dans un commissariat de police. Il n'y a pas de honte à dire que l'on est victime de ça. Nous avons l'habitude de ce genre de fait", assure-t-il.