RMC
Société

3000 distributeurs de billets ont disparu en France: à deux pas de Paris, les habitants s'estiment "abandonnés"

placeholder video
La multiplication des fermetures de banques dans les villes s'accélère depuis trois ans. Des fermetures qui touchent principalement les quartiers populaires éloignés du centre-ville.

Retirer de l’argent devient dans certaines villes un vrai parcours du combattant. 3000 distributeurs de billets ont disparu en trois ans en France selon la Banque de France. Et ce ne sont pas les territoires ruraux qui sont les plus touchés. Les villes de plus de 10.000 habitants sont les premières victimes de cette "désertion bancaire"

Si 99% de la population accède facilement à un distributeur de billets pour les personnes les plus éloignées, retirer de l'argent pour acheter son pain ou son journal peut vite devenir compliqué. À Champigny-sur-Marne, dans le Val de Marne, quatre agences bancaires ont baissé le rideau depuis trois ans. Les distributeurs restants sont en centre-ville.

Des panneaux blanc cassés, plus de logo, juste des feuilles mortes sur le sol. Voilà ce qu'il reste de l'ancienne banque qui a fermé en juin dernier. Jeannine, 82 ans, habite le quartier depuis 1977.

"C’est l’apothéose. Avant, on avait la BNP, le Crédit Lyonnais. On avait une charcuterie, deux poissonniers, mais maintenant, il n’y a plus rien. À chaque fois il faut que j’appelle mon fils pour aller me chercher de l’argent liquide. Moi, je ne peux pas marcher, il faut courir pour aller jusqu’à la mairie. Il y a quatre stations de bus donc y aller à pied ce n’est pas possible. On est abandonné ici. C’est comme si on était isolé à la campagne", indique-t-elle. 

Les quartiers populaires affectés

Avenue de la République, Régis, le boulanger, essaie d'être plus souple avec ses clients. "La carte bleue normalement, c’est à partir de 6 euros. On est obligé de la prendre pour moins, pour 3, 4 euros. Ce n’est pas pareil, pour les frais pour tout", explique-t-il. 

Des banques qui disparaissent dans des communes de plus de 10.000 habitants. Et ce sont les quartiers populaires qui sont directement impactés, explique Christian Fautré, le maire de Champigny sur Marne.

"On a besoin de services, on a besoin de banques, c’est comme ça. C’est là qu’on dépose son argent, son salaire, sa retraite. Et à un moment donné, il faut crier haut et fort qu’on ne peut plus continuer comme ça. Il faut donner des moyens pour qu’ils puissent vivre comme les autres", affirme le maire PCF.

Au début du mois, il a interpellé dans un courrier le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, mais il n'a toujours pas eu de réponse.

Marie Monier avec Guillaume Descours