A Calais, l’exaspération des habitants et des commerçants: "Une situation très difficile à vivre"

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le nouveau garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas reçoivent mercredi à Paris les principaux élus de la région de Calais, épicentre de la crise migratoire en France avec sa "jungle" où s'entassent près de 6.000 migrants. Sentiment d’insécurité, baisse de leur chiffre d’affaires…, les Calaisiens ont l’impression que personne ne les écoute et ne leur vient en aide comme a pu le constater RMC dans le quartier du Petit Quinquin, le quartier commerçant le plus proche de la "jungle".
De l’intérieur de son café, quasiment vide, Laurent observe les groupes de réfugiés entrer et sortir du supermarché situé en face. "J'ai quasiment perdu 50% de mon chiffre d'affaires, déplore-t-il. Aujourd'hui, les gens viennent et ne parlent que des migrants. On regarde dehors, on ne voit que des migrants. C'est une situation très compliquée et très difficile à vivre". Si difficile que Johanna, la fleuriste, travaille maintenant avec la porte de sa boutique fermée à clé.
"On ignore jusqu'où ça peut aller"
"Au début je me disais que c'était malheureux pour ces gens, maintenant j'ai peur, confie-t-elle. En fait, leur regard à changer vis-à-vis de nous. Avant, ils me disaient bonjour, ils faisaient un sourire. Mais maintenant, j'ai peur". Pourtant à Calais la délinquance n'a pas augmenté. C'est un sentiment d'insécurité qui semble avoir envahi les habitants. Et plus on se rapproche de la jungle, plus les habitants sont à bout.
"Quand il y a des affrontements, ça tire toute la nuit. Il y a des jets de lacrymogènes, de pierres, détaille Yves qui habite à 50 mètres du bidonville. Trois voitures ont déjà été explosées mais on ignore jusqu'où cela peut aller". Et d'ajouter: "Certaines personnes veulent vendre leur maison. Ils ont fait estimer leur bien: la valeur des maisons a baissé de 35%". Yves tient toutefois à préciser: "Nous ne sommes pas contre les migrants, nous sommes contre la situation". Une situation que tout le monde craint de voir dégénérer si rien n’est fait dans les prochaines semaines.