A Cologne, depuis la nuit de violences, les migrants "ont peur pour leur vie"

Depuis cette triste nuit de la Saint-Sylvestre, le regard des Allemands sur les étrangers a changé. (Photo d'illustration) - AFP
Après les agressions de femmes à Cologne la nuit du Nouvel An par des hommes presque exclusivement d'origine étrangère, les étrangers qui habitent cette grande ville de l'Ouest de l'Allemagne redoutent les amalgames.
En début de semaine, des groupuscules d'extrême droite s'en sont violemment pris à des Pakistanais, des Guinéens, des Syriens, en guise de représailles. Lundi soir, des manifestations xénophobes ont dégénéré à Leipzig.
"Dans les regards, la peur"
Depuis cette triste nuit de la Saint-Sylvestre, le regard des Allemands sur les étrangers a changé. C'est ce qu'ont raconté ces sans-papiers marocains à RMC, qui s'est rendue à Cologne, à la maison de l'Intégration, un centre d'aide aux réfugiés et aux migrants.
Et dans la salle de classe du centre d'accueil, Mohammed et Noureddine savent qu'ils sont à l'abri. Depuis cette nuit du Nouvel an, dans la rue, dans les transports, ils ne sentent plus les bienvenus.
"Cette semaine, ça a vraiment changé", témoigne Mohammed, au micro de RMC. "Je vois ça dans les regards, il y a beaucoup de peur. Pourquoi? Je suis un terroriste? Je suis un criminel? Non! Ce ne sont pas que des clandestins qui ont fait cela, ce sont des malades!"
"Pas seulement la peur d'être discriminé"
Elizaveta, qui dirige le centre, a de plus en plus de mal à les rassurer:
"En cours d'histoire, des réfugiés Syriens m'ont demandé si les Allemands allaient leur faire ce qu'ils ont fait aux juifs", s'émeut-t-elle. "Ce n'est pas seulement la peur d'être discriminé, ces gens ont peur pour leur vie".
Sa vie, malgré la peur, Noureddine, veut la reconstruire ici, en Allemagne:
"Je suis optimiste, demain est un autre jour, si je veux faire quelque chose de ma vie, je dois rester ici", veut-il croire.
Mais Mohammed lui, est déjà ailleurs. Il s'apprête à quitter l'Allemagne pour rejoindre ses cousins en France.