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Aéroport de Notre-Dame-des-Landes: l'Etat va t-il devoir indemniser Vinci?

La chronique de Marie Dupin sur RMC

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L'abandon de la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes aura des conséquences pour l'entreprise Vinci qui devait exploiter la structure. L'Etat va-t-il devoir payer? L'analyse de Marie Dupin.

Le gouvernement a donc annoncé l'abandon de la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Et cette décision aura des conséquences pour l'entreprise Vinci qui devait construire l'aéroport. L'Etat va t-il devoir indemniser Vinci?

Ce qui est sûr, c'est que ce renoncement va constituer un manque à gagner certain pour le groupe Vinci qui devait le construire et l'exploiter pendant 55 ans. La question maintenant est que va-t-il se passer? Dans leur rapport rendu en décembre, les médiateurs, nommés par le gouvernement pour sortir de la crise, avaient estimé qu'il faudrait peut-être indemniser Vinci, à hauteur de 350 millions d'euros... Les partisans du projet estiment également que l'indemnisation serait à peu près de ce niveau. Mercredi, Christophe Castaner a estimé, lui, que ce montant était contestable.

350 millions d'euros, ce serait l'hypothèse la plus inquiétante: ce serait un nouveau fiasco financier trois ans après l'abandon de l'écotaxe. L'Etat avait alors dû verser 800 millions d'euros à la société Ecomouv. 

Y aura t-il forcément une indemnisation? 

Pas forcément non. Les médiateurs précisaient bien dans leur rapport qu'il y avait une grande incertitude juridique sur le principe même d'une indemnisation puisque Vinci n'a ni bouclé son financement ni entrepris aucun des travaux prévus dans le contrat. L'indemnisation pourrait donc être de 0 euro. Le gouvernement va t-il tenter de ne pas payer? Il y a quelques jours, le patron de Vinci a exclu cette hypothèse en évoquant un contrat "en béton". On imagine mal Vinci se laisser évincer sans aucun dédommagement. Pour l'instant, le groupe se contente de dire qu'il est à la disposition de l'Etat. 

Cependant personne n'aura intérêt à aller au contentieux car le gouvernement n'y a pas intérêt. Il sait que Vinci aura, avec lui, une armada d'avocats pour défendre le dossier. Mais Vinci n'a pas non plus intérêt à riposter trop violemment pour plusieurs raisons. Le groupe exploite déjà l'aéroport de Nantes Atlantiques et aimerait bien en garder la concession. Et ça, c'est l'Etat qui dira s'il lance ou non un nouvel appel d'offres.

Enfin, Vinci a récemment annoncé qu'il voulait renforcer sa participation au sein d'ADP, l‘opérateur d‘Orly et de Roissy-CDG. Vinci a déjà 8% du capital d'ADP et souhaite reprendre les parts de l'état en cas de privatisation, ce qui pourrait se faire assez rapidement. Vinci a vraiment intérêt à ménager ses relations avec l'état dans cette affaire. 

Marie Dupin et X.A