Audit de la FFF: "Un système opaque et anti-démocratique", dénonce un leader du foot amateur

Les "dérives de comportement" du président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, "sont incompatibles avec l'exercice des fonctions et l'exigence d'exemplarité qui lui est attachée", selon la synthèse de la mission d'audit sur la FFF.
Le document de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), daté de mercredi, pointe des "prises de position publiques déplacées", "le comportement inapproprié (...) vis-à-vis des femmes" notamment à travers des "SMS ambigus pour certains et à caractère clairement sexuel pour d'autres", et "invite les instances fédérales à examiner cette situation en application des dispositions statutaires".
"Les auditions conduites par la mission ont mis en évidence que le caractère déplacé et injurieux des propos de Noël Le Graët peut être accentué par la consommation excessive d'alcool", écrivent encore les inspecteurs, après quatre mois et demi d'enquête et plus de cent témoignages recueillis.
"Un système qui est totalement opaque, verrouillé, et même anti-démocratique"
Ils affirment avoir pris en compte les observations formulées par ses avocats après l'envoi d'un pré-rapport, le 30 janvier, mais assurent que "le sens général" du rapport définitif, rendu mercredi, "ne s'en est pas trouvé modifié". En conséquence, ils considèrent toujours que le dirigeant de la FFF "ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français".
Les auditeurs reconnaissent que Le Graët "jouissait d'une image très positive dans le monde du football, après avoir redressé les finances de la FFF et modernisé son organisation au service d'une dynamique sportive positive", avant que l'usage "très centralisé" du pouvoir ne débouche sur "des dysfonctionnements et des logiques claniques".
Selon Éric Thomas, président Association française de football amateur, invité ce jeudi matin sur RMC, il est nécessaire de changer tout le système.
“C’est désespérant. C’est vraiment un rapport accablant. Ça fait 12 ans qu’avec l’association française de football amateur, on dénonce ces méthodes d’une grande brutalité et surtout la politique qui est mise en œuvre par la fédération française de football. Depuis 11 ans qu’il est à la tête de la Fédération française de football, on a perdu 5.000 clubs amateurs sur l’ensemble du territoire et on puise énormément d’argent dans les caisses du football amateur. Ce qui fait qu’aujourd’hui, on a des bénévoles qui sont fatigués, des éducateurs qui arrêtent alors que ce sont les principaux artisans des victoires des équipes de France masculines ou féminines”, explique-t-il.
“Ce n’est pas un homme, c’est l’ensemble du système"
Il estime qu’au-delà de Noël Le Graët, c’est tout un système qui doit être renouvelé. “Ce n’est pas un homme, c’est l’ensemble du système qui est totalement opaque, verrouillé, et même anti-démocratique. Nous ce qu’on demande, c’est que les acteurs du football deviennent des citoyens du football”, appuie Eric Thomas.
La synthèse souligne par ailleurs "les méthodes brutales et le comportement jugé erratique" de la directrice générale Florence Hardouin, mise à pied en janvier, qui "ne lui permettent plus d'exercer une autorité reconnue".
Les "compétences affirmées" de la DG sont certes reconnues, mais son "autonomie décisionnelle" a "dérivé vers un isolement inquiétant pour l'institution", affirme le document, en pointant la relation devenue "toxique" entre Le Graët et Hardouin. Celle-ci affirme par ailleurs "avoir souffert du comportement inapproprié" du dirigeant de 81 ans.
Le comité exécutif, sorte de gouvernement de la FFF, est aussi pointé du doigt. Le fonctionnement de l'instance, décrite comme "un lieu de constats et de consensus", "illustre une faiblesse d'exercice démocratique" car les projets internes sont "peu ou pas débattus", est-il écrit.