Âge, fréquence, pratiques... Ce qu'il faut retenir de l'enquête sur la sexualité des Français

Rapports moins fréquents, pratiques plus variées... La sexualité a connu "des changements majeurs" en France en 10 ans. C'est ce que nous apprend une enquête scientifique de l'Inserm et l'ANRS publiée ce mercredi. 31.000 personnes ont été interrogées, de 15 à 89 ans, tirées au sort, en métropole et dans quatre territoires ultra-marins (Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion).
Le répertoire des pratiques s'est ainsi "sensiblement diversifié": de plus en plus d'hommes et de femmes déclarent avoir expérimenté d'autres pratiques sexuelles (masturbation, sexe oral et rapports anaux) que les rapports vaginaux. L'enquête note aussi une diminution chez les femmes, depuis 2006, de la fréquence des rapports sexuels acceptés pour faire plaisir à son ou sa partenaire sans en avoir vraiment envie soi-même.
Pourquoi l'âge du premier rapport est-il en augmentation?
L'âge du premier rapport est en augmentation: 18 ans et deux mois pour le premier rapport chez les femmes, 17 ans et sept mois pour les hommes. On était autour de 17 ans dans les années 2000.
"Cela faisait 30-40 ans qu'il ne faisait que baisser, c'est le chiffre qui m'a le plus surpris", concède le Dr. Gilbert Bou Jaoudé, médecin sexologue et directeur scientifique de la plateforme Charles.co.
"Il y a plus de personnes qui ont un premier rapport plus jeune, mais d'autant plus de personnes qui l'ont plus tard", détaille-t-il dans Apolline Matin, estimant que les raisons de cette conclusions sont "multi-factorielles". Le paramètre classique de la pression sociale semble moins avoir de l'effet, alors que la religion serait de nouveau plébiscitée par les jeunes.
"La religion est revenue dans les discussions chez les jeunes. Dans ma génération (40-50 ans), on n'en parlait quasiment plus. La virginité reprend une place alors qu'elle avait perdu son sens il y a une trentaine d'années", juge-t-il.
Un nombre de partenaires en hausse, un rythme plus faible
Une fois lancés, par contre, les Français n'hésitent pas. Ils ont désormais plus de partenaires sexuels dans leur vie: 7.9 conquêtes en moyenne pour les femmes, 16.4 pour les hommes. Nathalie Bajosse, sociologue à l'Inserm, décrypte cette inégalité: "Les hommes comptent tous les partenaires, et les femmes seulement les hommes qui ont compté".
Cet écart s'explique surtout par une vision différente des partenaires sexuels selon Nathalie Bajos, sociologue et co-responsables de l'enquête. "On continue à avoir aujourd'hui une sorte de clivage, une opposition entre une sexualité féminine qui reste pensée sur le mode de l'affectivité de la conjugalité. Tandis que la sexualité masculine, elle, est plus souvent renvoyée à sa dimension physique", analyse-t-elle.
La fréquence des rapports, en revanche, baisse: les Français font en moyenne l'amour six fois par mois, contre huit fois et demie il y a 15 ans. La qualité, plutôt que la quantité? Près de la moitié des femmes et quatre hommes sur dix sont en tout cas très satisfaits de leur vie sexuelle. C'est mieux qu’au début du siècle, mais moins que dans les années 1990.