Allocution d'Emmanuel Macron: "Il faut arrêter le mépris courtois" dénonce le président de SOS Racisme sur RMC
Attendu sur le dossier, malgré son allocution sur le déconfinement, Emmanuel Macron a promis dimanche "de nouvelles décisions fortes pour l'égalité des chances", en assurant lors d'une allocution que "nous serons intraitables face au racisme, à l'antisémitisme et aux discriminations". "Notre combat doit se poursuivre et s'intensifier pour permettre d'obtenir les diplômes et les emplois qui correspondent aux mérites et talents de chacun, et lutter contre le fait que le nom, l'adresse, la couleur de peau réduisent encore trop souvent dans notre pays les chances que chacun doit avoir", a-t-il ajouté.
"Nous sommes une Nation où chacun, quelles que soient ses origines, sa religion doit trouver sa place. Est-ce vrai partout et pour tout le monde ? Non", a constaté le président, au lendemain de manifestations ayant rassemblé des milliers de jeunes contre le racisme à travers la France.
Le meurtre aux Etats-Unis de George Floyd, un quadragénaire noir asphyxié le 25 mai à Minneapolis par un policier blanc, a poussé les foules à descendre dans la rue pour réclamer la fin des violences policières et des inégalités raciales. A Paris, des milliers de personnes se sont rassemblées samedi à l'appel du comité Adama Traoré, un jeune homme noir mort en 2016 après son interpellation par les gendarmes.
"Nous serons intraitables face au racisme, à l'antisémitisme et aux discriminations et de nouvelles décisions fortes seront prises", a-t-il annoncé. "Mais, a-t-il prévenu, ce combat noble est dévoyé lorsqu'il se transforme en communautarisme, en réécriture haineuse ou fausse du passé. Ce combat est inacceptable lorsqu'il est récupéré par les séparatistes", avant de préciser que la République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son Histoire. La République ne déboulonnera pas de statue", alors que de nombreuses voix se sont élevées ces derniers jours contre l'existence de statues ou de monuments liés à l'histoire coloniale ou la traite esclavagiste.
"C'est une analyse plus que sommaire que fait le chef de l'Etat'
Invité de RMC, en direct, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a fait part de sa déception face à ce discours "trop généraliste, trop vague".
"Dire qu'il y a des problèmes de discriminations en France, et que ce n'est pas normal, bon... On est quand même dans une ambiance aujourd'hui où il y a toute une série de manifestations, où l'on a des révélations en série sur la police nationale, un conférence de presse de Christophe Castaner brouillonne et des rétropédalages. Emmanuel Macron ne donne pas de réponses immédiates, mais il y a un calendrier rapide à avoir en matière de police et de forces de l'ordre. Il y a un problème bien présent, même si les policiers ne sont pas contents.
Et puis il y a les questions de discrimination raciale: ce qui m'étonne beaucoup, c'est que finalement tout cela, ça n'interrogeait pas l'Etat. C'est une analyse plus que sommaire que fait le chef de l'Etat alors que des révélations font état d'un racisme qui gangrène la police nationale. Je ne sais quelle mesures vont être prises. Mais j'espère qu'il y aura un vrai dialogue. Depuis toutes ces années, en France, ces questions ne sont pas traitées. Et après, on s'étonne que cela créé une ébullition et du mécontentement. Il y a des acteurs dans ce pays, des gens réfléchissent, qui se battent... Il faut arrêter le mépris courtois et vouloir vraiment avancer" a-t-il lancé sur RMC, avant de souligner que des statues ou encore des noms de rues ont déjà été déboulonnées ou modifiées en France.