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Amélie Nothomb tacle Vierzon: "Du mépris de classe", s'indigne Bruno Poncet

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La ville de Vierzon se retrouve au milieu d'une polémique, après avoir été visée par l'écrivaine belge Amélie Nothomb dans les colonnes du Figaro. Les habitants sont mécontents, à l'image de Bruno Poncet, chroniqueur des Grandes Gueules et originaire de cete ville.

Amélie Nothomb tacle la ville de Vierzon. Dans la série d'été du Figaro sur les destinations cauchemars des écrivains, la belge n'a pas eu la langue dans sa poche concernant cette ville du Cher. Elle s'excuse d'avance: "Je prie les Vierzonnais de ne pas m’en tenir rigueur: quand le train s’arrête en gare de Vierzon, je ressens un néant insoutenable".

Amélie Nothomb l'affirme: "Vierzon est sûrement une ville charmante mais je ne le saurai jamais car pour y aller il faut s’arrêter à la gare de Vierzon et c’est au-dessus de mes forces".

Un "mépris de classe"

L'écrivaine belge dit aussi qu’elle y passe souvent, qu'elle a emprunté à "66 reprises la ligne Paris-Austerlitz – Brive-la-Gaillarde" pour aller à la Foire du livre de Brive où elle est présente chaque année au mois de novembre. Mais qu’elle a croisé "beaucoup de gares comme celle-là" mais "qu’aucune à part Vierzon ne lui a transmis ces émotions-là".

Pour Bruno Poncet, cheminot originaire de Vierzon, les propos de l'écrivaine sont un affront. Lui qui revendique souvent aux Grandes Gueules son attachement à sa ville: "Je vais peut-être manquer de nuance mais Vierzon je l’ai dans le cœur et sur la peau. C’est mes racines, et je compte y retourner vivre. J’ai aussi travaillé à la gare dont elle parle".

"Je trouve qu’il y a un mépris de classe, un mépris envers les villes ouvrières", s'exclame Bruno Poncet

Car Vierzon est une ville "qui a été maltraitée". Il revient sur son histoire: "En sortie de guerre, c'était la ville de la porcelaine et des machines agricoles. Cette ville est comme beaucoup de villes de province, dévastée par les fermetures d’usines, aujourd’hui elle peine à survivre".

"C'est tellement facile"

Mais il se dit "fier de cette ville, de ses habitants" car "elle se bat pour redevenir attrayante, ils font des efforts, la maire fait des efforts".

“Je trouve que parler de ville lugubre et tout, c’est dur. Il n’y a pas de sous-villes, ou de villes plus belles que les autres", souffle Bruno Poncet chez les Grandes Gueules.

Donc, pour lui, aucun doute, Amélie Nothomb fait du "mépris de classe": "T’as une espèce de noble belge, qui utilise Vierzon dans un de ces bouquins et qui dit derrière qu’elle n’ira jamais, que c’est une ville lugubre. Elle a vu un quai en bitume, de quoi elle parle. C’est tellement facile".

L'entrepreneur et chroniqueur Emmanuel de Villiers partage son avis. Comme il le dit, il faut respecter toutes les villes car "il y a des gens qui y vivent, qui ont leurs attachements". Et c'est ça le plus beau selon lui: "Je ne suis jamais allé à Vierzon mais quand je vois l’attachement répété de Bruno Poncet pour cette ville, il est vraiment très touchant".

"Qu'elle passe son chemin"

Pour Barbara Lefebvre, professeur d'histoire-géographie et chroniqueuse: "Le plus dérangeant, surtout pour un écrivain, c’est de parler d’une ville qu’elle ne connaît pas. Si elle avait visité ou passé du temps pour des signatures de livre, elle aurait fait un papier plus argumenté, plus incisif". "Elle parle sans connaître", s'exaspère-t-elle.

Finalement, Marie, auditrice retraitée qui habite à Vierzon, ne se sent pas "meurtrie ou vexée" par les propos de l'écrivaine car "je m’en fous, si elle n’a pas envie de venir à Vierzon qu’elle passe son chemin", dit-elle.

Elle qui habite à Vierzon depuis 40 ans vante les mérites de sa ville: "Contrairement à Amélie, je sors de chez moi je fais 100m pour aller me balader le long du canal, aller au marché à pied, je peux me balader sans problème et je n’ai pas besoin d’un chapeau farfelu pour faire tout ça".

"Nous n’avons aucune leçon à recevoir d’une parisienne", réagit-elle face aux Grandes Gueules.

L'ancienne enseignante, à l'image de Bruno Poncet, dénonce un "mépris bobo parisien". Mais elle se rassure: "Il n'empêche que des acteurs viennent régulièrement au festival de Vierzon, il y a des chanteurs, musiciens aussi". "Si Vierzon c’est si nul que ça, finalement il ne faut pas venir", conclut-elle finalement.

Solenn Guillanton