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Après un accueil forcé, les migrants acceptés: "Ils avaient juste besoin d'un endroit où être bien"

A Saint-Mard en Seine-Maritime, des migrants Soudanais, Somaliens ou encore Afghans ont été accueillis.

A Saint-Mard en Seine-Maritime, des migrants Soudanais, Somaliens ou encore Afghans ont été accueillis. - Jacques Demarthon - AFP

REPORTAGE - Saint-Mard en Seine-et-Marne avait été choisie par la préfecture pour accueillir 205 migrants au mois de juillet. Une arrivée au départ mal vécue par les habitants de la commune qui ont finalement changé de regard sur les migrants.

En juillet dernier, les migrants étaient arrivés sous les protestations et les huées de certains habitants de Saint-Mard, en Seine-Maritime. Le gymnase de cette commune de 4.000 habitants avait été réquisitionné du jour au lendemain par la préfecture de région pour accueillir 205 migrants qui vivaient jusqu'alors sous le métro aérien de Paris. A leur arrivée, Laurence reconnaît avoir eu quelques sueurs froides.

"C'est juste [derrière chez moi] donc ça nous a un peu inquiété, ça ne rassure pas au départ. La première idée c'était de se dire si on part, la peur d'être cambriolés, agressés", admet cette riveraine du gymnase.

Mais en quatre semaines de présence, rien de tout cela. Un mois plus tard, les migrants sont partis et ont été relogés en HLM ou dans des centres d'hébergements de communes voisines. Mais cette expérience a changé le regard des habitants sur les migrants.

"On est allé les voir et en fait c'est des gens charmants, raconte Laurence. Ils n'ont rien, il y en a qui n'avaient même pas de chaussures, ils avaient juste des vêtements et une bouteille d'eau et encore. Ils avaient juste besoin d'un endroit où être bien et ils se sont retrouvés ici. C'est juste des pauvres gens qui fuient un pays en guerre et qui ont juste besoin qu'on les accueille et de retrouver la sérénité. Ca s'est très bien passé."

"Intéressant au point de vue humain"

Etre au contact avec les migrants, les côtoyer, Daniel Dometz le maire divers droit de la commune a observé le changement chez ses administrés. "Ca a cassé beaucoup d'aprioris c'est vrai. Au point de vue humain c'est quelque chose de très intéressant mais c'est vrai que ça a été très dur au début", explique le maire qui se souvient d'avoir eu affaire à des peurs parfois excessives.

"Ils avaient des doutes en disant on part en vacances on va être cambriolés, nos femmes et nos enfants vont être violés, on en était là c'est dingue! Je ne pensais pas que ça pouvait être aussi important. C'est vraiment une peur qu'a le peuple français, je vous assure que ce n'est pas spécial à Saint-Mard. Et puis au bout de dix jours beaucoup de gens sont venus me voir en me disant si tu as besoin d'un coup de main, on est prêt à t'aider", constate Daniel Dometz. 

Des aprioris qui auraient pu être évités selon lui, s'il avait pu anticiper de quelques jours l'arrivée des migrants sur sa commune pour sensibiliser ses administrés. 

C. B avec Romain Poisot