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Arrêt du chantier de l'A69: "C'est inconcevable", les partisans de l'autoroute manifestent à Castres

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Les pro-A69 manifestent ce samedi à Castres, après la décision du tribunal administratif de Toulouse de suspendre le chantier controversé. Des politiques, de gauche comme de droite, seront présents au rassemblement. Le président du Tarn interpelle à propos d'un "territoire qui restera enclavé".

Un peu plus d'une semaine après l'arrêt du chantier de l'A69 décidé par le tribunal administratif de Toulouse, les partisans de l'autoroute comptent faire entendre leur voix samedi matin lors d'un rassemblement à Castres, dans le Tarn.

Chefs d’entreprises, salariés, étudiants, retraités, ou commerçants, ils seront là pour demander la reprise du chantier de l’A69. Tous porteront un badge bleu imaginé par les organisateurs et l’un de leurs leaders, Guy Bousquet. "On en a fait 3.000, tout le monde portera cet autocollant, où il y a écrit A69, on finit !", assure-t-il auprès de RMC.

"Nos enfants n'auront pas les mêmes chances"

Finir une autoroute dont 70% du gros œuvre a déjà été réalisé. C’est d’ailleurs à proximité du chantier à l’entrée de Castres que se tiendra ce rassemblement: "Quand je vois toutes ces infrastructures abandonnées, sans engin, c’est angoissant, c'est surtout inconcevable", poursuit-t-il.

Plus d’une centaine d’élus de gauche comme de droite ont annoncé leur présence. Seront notamment présents le maire de Castres, Pascal Bugis (LR) et de Mazamet, Olivier Fabre (Divers droite). Christophe Ramond, président socialiste du conseil départemental du Tarn, se bat aussi pour le désenclavement.

Une vingtaine de minutes de gagnées

"Si on ne va pas au bout, on aura demain nos enfants, nos petits-enfants qui n’auront pas les mêmes chances de réussir parce qu'ils habitent le sud du Tarn et parce que ce territoire restera enclavé", juge l'élu. L'A69 réduirait d'une vingtaine de minutes le trajet Castres-Toulouse.

Acteur économique majeur du territoire et soutien de longue date du projet autoroutier, le groupe pharmaceutique Pierre-Fabre sera représenté: son président, Pierre-Yves Revol, "devrait être présent samedi", a ainsi indiqué son cabinet à l'AFP.

"Sur le territoire, il y a vraiment une volonté ! Les gens ont posté des messages en disant 'il faut faire quelque chose, il faut faire quelque chose', donc on a lancé cette manifestation", explique Gautier Castan, chef d’une entreprise de transports et organisateur du rassemblement. "Cela bouge dans toutes les strates ; du retraité au lycéen qui veut l’autoroute pour son avenir. Le retraité qui est fier du territoire, et qui a envie qu’il continue d’exister."

La pétition a recueilli plus de 20.000 signatures

Une pétition lancée en milieu de semaine, en faveur de l’A69, a déjà recueilli plus de 20.000 signatures. Par ailleurs, le gouvernement va faire appel "dans les jours qui viennent" contre l'annulation de l'autorisation environnementale du chantier et demander un "sursis à exécution", selon le ministre des Transports Philippe Tabarot. Cette procédure permettrait de suspendre les effets du jugement - et donc de reprendre les travaux - dans l'attente de l'audience d'appel.

Le 27 février, la justice administrative s'est pour la première fois prononcée sur le fond du dossier, annulant l'autorisation environnementale du chantier, une première pour une autoroute de cette envergure en France, qui devait entrer en service fin 2025.

Le chantier de l'A69 à l'arrêt
Le chantier de l'A69 à l'arrêt
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Des "atteintes à l'environnement"

Le tribunal de Toulouse a suivi l'avis de la rapporteure publique, qui lui avait par deux fois demandé "l'annulation totale" de l'arrêté préfectoral ayant permis le début du chantier en 2023. 

À l'audience du 18 février, cette magistrate, Mona Rousseau, a réaffirmé que les gains espérés de la future autoroute n'étaient pas suffisants pour établir une "raison impérative d'intérêt public majeur" (RIIPM) justifiant les atteintes à l'environnement commises par le projet.

Jean-Wilfrid Forquès avec Léo Manson