"Astruquer", "umami", "bader": ces 150 nouveaux mots qui intègrent le dictionnaire Larousse

150 nouveaux mots, sens, locutions et expressions, qui "témoignent tant de la vitalité que de la diversité de la langue française", intègrent l'édition 2026 du dictionnaire Le petit Larousse illustré, à paraître le 26 mai prochain. Parmi eux: biopesticide, dramédie, nacho, umami, logoté, ubiquitine, cyberscore, astruquer...
"Le rôle d'un dictionnaire c'est d'être un observatoire de la société. La fin du parcours d'un mot, c'est son entrée dans le dictionnaire", analyse ce jeudi sur RMC Raphaël Haddad, docteur en analyse du discours et fondateur l’agence Mots Clés. Une fin de parcours car ces mots "prééxistent depuis plusieurs années, voir plusieurs décennies".
Quels critères?
Mais alors comment sont-ils choisis et par qui? Ce sont les lexicographes, qui "vont regarder plusieurs choses: la fréquence et le fait qu'il soit issu d'un champ spécialisé", explique Raphaël Haddad. S'il est "utilisé dans des conversations sociales, par un enseignant, dans des titres de presse, il y a de fortes chances qu'il fasse partie des mots retenus."
La directrice du département Dictionnaires et Encyclopédies des éditions Larousse, Carine Girac, insiste sur l'utilisation par "plusieurs générations et plusieurs catégories socioprofessionnelles".
"Les jeux Paralympiques de l’été 2024 furent un succès ; ils ont sensibilisé le public au handicap et mis en lumière les progrès de l’offre sportive destinée aux personnes en situation de handicap", revendique les éditions Larousse dans sa présentation de son dictionnaire.
"Souvent les grands évènements internationaux et la mondialisation portent les nouveaux mots", abonde Raphaël Haddad. La boccia (une sorte de pétanque pratiquée en fauteuil roulant) et le cécifoot (football joué par des personnes souffrant de déficience visuelle) font partie des nouveaux mots sélectionnés.
Des mots francophones
Une mondialisation qui fait la part belle aux anglicismes mais pas que, la francophonie est aussi présente. C'est le cas du mot astruquer, qui vient de Belgique et qui signifie avaler de travers. D'autres proviennent de Suisse, comme spépieux (personne méticuleuse à l'extrême), mais aussi d'Algérie, avec karakou (costume traditionnel).
La langue française est vivante, elle évolue mais n'est pas perçue de la même manière selon les "traditions, conservatrices ou progressistes", note par ailleurs Raphaël Haddad, qui évoque l'existence du dictionnaire de l'Académie française et celui du Robert. Le mot umami, par exemple, qui intègre Le Petit Larousse illustré 2026, figure déjà dans Le Robert depuis 7 ans.
Des mots parfois familiers, comme "bader" (être triste, déprimé...) qui ne sont pas du goût de tous mais "qui complètent et enrichissent, ce n'est pas une perte", assure auprès de RMC le linguiste Médéric Gasquet Cyrus. "Si on ne les intègre pas, on risquerait de tomber dans une sorte de négation de ce qu'est la langue elle-même."
Si des mots arrivent, d'autres disparaissent, rappelle enfin Raphaël Haddad, et ce "tous les 15-20 ans, lors des grandes refontes". Mais ce sont aux alentours de 150-200 mots qui, eux, sont sélectionnés chaque année.