"Aujourd'hui, on n'a pas la main d'oeuvre pour satisfaire les clients": que pensent les entreprises des quotas d'immigration économique?
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a confirmé mardi sur RMC que des quotas d'immigrés "professionnels" allaient être fixés. L'objectif est de faire face aux difficultés de recrutement grandissantes de certains secteurs, pour lesquels la procédure d'embauche d'un salarié étranger est jugée trop difficile.
Une liste des métiers en tension existe mais elle n'a pas été actualisée depuis 2008. Le gouvernement souhaite donc établir des listes avec des objectifs chiffrés par métier qui seraient revus chaque année et surtout adaptées en fonction des besoins de chaque bassin d'emploi.
Des annonces vues d'un bon oeil par ceux qui manquent justement de main d'oeuvre et qui ne parvient pas à recruter, malgré le chômage qui persiste en France. C'est le cas de l'entreprise Sols, entreprise de BTP spécialisée dans les travaux publics, basée à Livron-sur-Drôme, dans la Drôme.
"Ca peut être une très bonne mesure si ça permet de trouver du personnel qui est motivé sur la durée"
Pour fabriquer les revêtements en béton que les collectivités publiques lui commandent, Mickaël Pelissier de manque pas de matière premières. Le problème pour ce chef d'entreprise est ailleurs.
"On n'a pas la main d'oeuvre pour satisfaire les clients et respecter les plannings qui sont aujourd'hui très importants."
Recruter des travailleurs issus des quotas d'immigration économique. Cette idée ne fait pas peur à Damien, conducteur de travaux.
"Ca pose des questions. Ca peut être une très bonne mesure si ça permet de trouver du personnel qui est motivé sur la durée et qu'on formerait."
Une solution d'autant plus intéressante pour Mickaël Pelissier, patron de l'entreprise depuis 2013, que les filières de recrutement classiques semblent à bout de souffle.
"Sur Paris, on a ouvert une agence et il nous manque une dizaine de maçons. On a fait le Pôle emploi, des réunions avec les communautés de communes voisines, mais on ne trouve pas."
Cela va-t-il fonctionner?
Etablir des quotas d'immigration économique pour répondre aux demandes des secteurs en tension. Pour Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l'OCDE, cela peut fonctionner, mais il ne faut pas s'attendre à un miracle.
"La question c'est celle du déséquilibre entre l'offre et la demande de compétence. Il y a plusieurs leviers pour essayer de le combler. la formation initiale, la migration peut permettre de répondre à ces déséquilibres mains ne sera qu'un élément relativement marginal dans cette équation."
En 2018, 33.500 titres de séjour pour raisons économique ont été délivrés sur 256.000 titres tous motifs confondus.